Objectif : Réaliser des séances de sophrologie auprès d’enfants de 5 ans et 6 ans, Grande Section de maternelle. La sophrologie vient comme soutien à une situation de pratique de Bien-être à l’école des enfants et s’inscrit dans le projet pédagogique de l’école.

Intentionnalité : mise en place d’un schéma de découverte du corps, vocabulaire corporel. Placement de la respiration. Découverte du corps et de la conscience du corps à travers les techniques clés, RD1 en Sophro ludique et RD1 musicale.

Travailler avec une représentation du corps « embryonnaire ».

Le dialogue de la première séance montre des notions sur le corps très approximatives. Un peu comme les représentations de « bonhomme têtard », inventé par le prfesseur et psychologue James Sully. Ainsi certains disent que « la tête », « les bras , les jambes, ou les mains », ne font pas partie du « corps ». Pour une bonne moitié du groupe, le corps se limite au ventre, voire au thorax. Donc, il faudrait clarifier cette représentation d’un schéma corporel naissant.

Synthèse phénoménologique sur la sophrologie appliquée au Bien-être à l’Ecole

La pratique régulière avec un groupe, inscrite dans une approche globale du corps et du mental, favorise un état ponctuel de bien-être, immédiatement reconnaissable (mise à distance des tensions et perception d’un bonheur intérieur). Elle permet une plus grande efficacité et engage sur le chemin d’une bonne santé, d’une réduction du stress Ce phénomène, je l’avais bien ressenti à l’ESSA et lors des entraînements personnels quotidiens. Mais il me manquait cette mise en pratique pour savoir si j’étais capable de faire ressentir via l’alliance, des techniques sophroniques à un groupe.

Non seulement cette mise en pratique a été une vraie révélation sur les limites de la sophrologie que l’on peut repousser si on évite les jugements et si on fait bien son « épokhé », mais j’ai aussi pu constater de visu qu’elles favorisent la vigilance, la concentration, la réceptivité. Ces pratiques de sophrologie ont donc toute leur place à l’école et dans des âges assez jeunes. Évidemment j’ai conscience aussi que le travail en groupe, n’est pas le même qu’en individuel où la donne est différente.

sophrologie à l'écoleDès le plus jeune âge, la dimension corporelle, malheureusement absente ou réduite à la portion congrue à l’école, devrait regagner des lettres de noblesse, car elle est indéniablement un des facteurs de la réussite scolaire. Ancien Educateur Montessori*, j’ai toujours enseigné avec cette méthode, en sollicitant le corps et les 5 sens de l’enfant.

Pour apprendre, il faut faire une place au corps, donc au besoin de mouvement, aux 5 sens, autant qu’au cerveau ! Les neurosciences modernes confirment ce bon sens**. Et comme par hasard, on retrouve cet esprit aussi dans la relaxation dynamique 1, qui a été l’axe de travail principal. Elle réconcilie apprentissage, plaisir et épanouissement. La conduite des séances apporte une contribution subtile et profonde à l’évolution qualitative de l’enseignement, favorisant la «connaissance de soi ».

Je suis persuadé suite à ce stage, que la sophrologie en soutien de l’enseignant peut jouer un rôle privilégié en vue d’inscrire cette « connaissance de soi » au cœur des activités de la classe. Envisager le bien-être de l’enfant et de l’enseignant, c’est ce qui se joue également à travers ces relaxations dynamiques, c’est s’engager dans une conception de l’école et de la réussite avec, en filigrane, l’amélioration du climat scolaire.

En permettant l’acquisition consciente de compétences de connaissance de soi, enfants et adultes puiseront des ressources améliorant leur disponibilité qui rejailliront sur le climat de la classe, et donc sur la qualité des apprentissages.

 J’ai réellement pris conscience de l’efficacité de la sophrologie. Ces derniers mois j’ai travaillé ou plutôt vécu les différents exercices et techniques qui constituent la méthode et je dois avouer que les résultats sont étonnants, j’ai vécu une véritable métamorphose.

Mon entraînement sophrologique m’a rendue plus créatif pour trouver des solutions et accompagner au mieux les enfants et m’a fait prendre conscience que malgré le groupe, chaque individu est unique.

Enfin, j’ai appris à donner de l’importance à l’être, à l’écoute, à l’empathie. Écouter, c’est accueillir celui qui s’exprime sans porter de jugement, ce dernier étant un parasite de la relation et de la communication.

J’ai fait l’expérience de la nécessité de vivre les mots. S’ils restent dans mon mental ils n’ont pas toujours de sens, alors que s’ils se relient avec mon corps, ils deviennent accessibles. Au fur et à mesure de la formation, j’ai d’ailleurs senti que j’avais besoin de moins de mots. Mes phénodescriptions sont en général plus courtes avec le temps. L’envie de parler est moindre après une séance. C’est aussi ce que je constatais avec le stage et les phénodescriptions des enfants « épurées ». Parfois, comme eux j’éprouve le besoin de dessiner au lieu de donner du sens aux mots. Après une séance de sophrologie, au niveau phénoménologique, je suis tenté par la démarche inverse: je me représente d’abord ce que je sens et je trouve des mots ensuite.

Bruno Moryas

Phénodessinées. En foncé ou noir : parties du corps ressenties avec des tensions.

Ce besoin d’épurer le terpnos logos en moi, je l’ai aussi vécu avec les enfants, je l’ai vraiment expérimenté au fur et à mesure des séances. Tous les mots sont pensés et dits à « minima ». Juste ce qu’il faut : ni trop ni trop peu. Sinon, on prends le risque de faire réagir le mental  : « Pourquoi ? Qu’est ce que ça veut dire monsieur… ».

Surtout en groupe, il y a des phénomènes d’entraînements collectifs et ils veulent presque tous parler et poser leur question. Vu le temps de la séance de courte durée, il fallait vraiment une discipline collective : pour moi comme pour les enfants, l’alliance avec ce groupe s’est effectuée de façon spontanée et complice.

 J’ai eu aussi une phase d’observation attentive qui, ouvre les yeux sur la réalité des choses et donc des phénomènes tels qu’ils sont. On apprend à se faire le témoin de soi et à accueillir. Par exemple, au lieu de se dire: « je ne dois pas être impatient », ou « je dois moins contrôler », on observe son impatience ou la façon dont on contrôle les événements.

En prenant du recul pour regarder ce qui se passe en soi, on aperçoit la réalité de son impatience ou de son contrôle. Et c’est un processus qui n’a rien de commun avec la fabrication d’une image idéale de soi. Au contraire, la sophrologie dans ce stage m’a permis progressivement d’aller vers ce que je suis. Il y a une analogie entre la façon dont j’ai progressé à l’ESSA durant ces deux années de formation et celle dont j’ai également progressé durant ce stage. Comme un vécu plus proche de la réalité telle qu’elle est.

 Aujourd’hui, entre la pratique et la théorie, confortablement installé dans tout mon corps, je vis la vie en moi. Je suis confiant, car, au regard du chemin parcouru, j’ai bien avancé, et confiant car je vais encore avancer sur le chemin de la connaissance de soi.

*Maria Montessori : L’esprit absorbant de l’enfant, Desclée de Brouwer.
** Olivier Houdé, Apprendre à résister, Puf, Psychologie du développement cognitif, Puf.

Auteur : Bruno Moryas
Promo praticiens A 2015