Formé à la sophrologie à l’ESSA, Sylvain Massacret est devenu sophrologue il y a 4 ans. Il ne l’a pas toujours été. Au regard des nombreuses activités qu’il a occupées, on serait même tenté de dire qu’il est à lui seul l’improbable combinaison de Bouvard et Pécuchet, la réussite en plus. Bien loin donc des approximations et des échecs successifs des deux personnages évoluant dans le roman inachevé de Flaubert.
Envisageant un temps la kinésithérapie, Sylvain a ensuite opté pour le droit, puis la communication et a exercé ses talents dans des univers aussi différents que le journalisme sportif, la réalisation de sites web, l’édition de logiciels, l’assurance…
Sylvain Massacret est finalement devenu sophrologue
Cette variété d’activités, le sophrologue entend manifestement la préserver aujourd’hui dans sa pratique de la sophrologie : séances individuelles et cours collectifs, méditation de pleine conscience, interventions en entreprises, ateliers d’initiation dans les écoles… Sylvain Massacret souhaite donner à ses inclinations empathiques le rayonnement qu’elles méritent.
Nous l’avons rencontré dans son cabinet du Mesnil-Le-Roi, dans les Yvelines.
L’entretien SMILE avec Sylvain Massacret
Comment votre choix s’est-il porté sur le métier de sophrologue ?
Jeune et sportif, je souhaitais devenir kinésithérapeute et travailler dans le monde du sport. Très vite néanmoins, j’ai compris que les filières scientifiques me bouderaient tant que je les bouderais et que j’étais bien plus à l’aise avec les mots qu’avec les chiffres. Pour autant, après un Bac B (Economie), j’ai décidé de tenter une année de prépa kiné. Résultats sans appel, j’étais loin d’accrocher le concours. Patatra, mes rêves de kinésithérapie s’éloignaient. Je me retrouvais par défaut à faire du droit puis, avec plus de plaisir et de réussite, de la communication.
Mon premier métier fut journaliste sportif. Profondément, je souhaitais pourtant raccrocher la notion de relation d’aide et je créais avec trois amis l’association Premiers de Cordée dont l’un des objectifs est d’introduire le sport dans les services pédiatriques. Je trouvais ainsi un certain équilibre intérieur. Professionnellement, l’arrivée du numérique au début des années 2000 a bouleversé les habitudes journalistiques et j’ai basculé dans un agence web puis chez un éditeur de logiciel. Et deux à trois fois par an, cette même rengaine intérieure : « Tu fais bien ton boulot Sylvain mais tu n’es pas exactement à ta place. » Que faire ? Je me mets en quête de formations. Ostéo, kinésio, PNL, sophrologie… En m’attardant sur la sophrologie, je remarque que le contenu m’est familier. J’appelle mon père :
Dis-moi, quand tu me faisais visualiser mes matchs ou mes examens, tu ne me faisais pas de la sophro ?
Ben oui, en quelque sorte. Je m’étais formé pour la périnatalité lorsque j’étais kinésithérapeute.
Tout devenait évident. Je devais me faire une idée par moi-même et me former. Au pire, je me fais du bien et au mieux, ça me donne le déclic pour une reconversion !
Pourquoi avez-vous choisi l’ESSA pour vous former à la sophrologie ?
Alors que je prends cette décision, je travaille à Paris dans le quartier de République. Un jour je décide de descendre manger par un escalier que j’emprunte rarement. Arrivé en bas, je tombe sur… une école de Sophrologie. Le hasard n’existe pas, nous sommes d’accord ! Je décide de franchir la porte et je ferai, dans les semaines qui suivent, la même démarche auprès de trois écoles dont l’ESSA.
Outre le fait, que l’ESSA était l’école la plus proche de mon domicile, j’ai pris ma décision dès la fin de l’entretien initial avec Anne Almqvist, directrice de l’établissement. Elle a pris le temps d’écouter toute mon histoire, concentrée, profondément là avec moi. J’ai compris qu’elle comprenait ma démarche et qu’elle était heureuse de m’ouvrir ses portes. Ma décision était prise. Je m’inscrivais pour les sessions du week-end pour éviter d’empiéter sur mon activité professionnelle. J’ai attendu le premier week-end de cours avec impatience et je me souviens comme hier de ce jour de septembre 2011 et du sentiment que j’ai eu en voyant arriver le reste de la promotion et les enseignants : « Sylvain tu es chez toi. Tu es à ta place. Tout est fluide. Quel bonheur. »
Qu’est-ce qui vous a marqué dans votre parcours de formation de sophrologue ?
J’ai aimé ma formation de sophrologue parce que je me suis senti encadré par mes enseignants et poussé par une méthode qui a plus de 50 ans d’expérience derrière elle. J’ai également aimé l’équilibre entre la rigueur de la méthode et notre devoir d’adaptabilité. J’ai aimé comprendre qu’il est très incomplet de connaître une théorie si celle-ci n’est pas ensuite vécu dans le corps. A chaque technique, je digérais ce que nous venions d’apprendre. Enfin, j’ai énormément appris des phéno-descriptions, questions, retours et commentaires de mes « collègues stagiaires ». Un véritable trésor !
Comment avez-vous développé votre activité de sophrologue ?
J’ai obtenu mon diplôme de sophrologue praticien au printemps 2013 et inutile de dire que je ne souhaitais qu’une chose : claquer des doigts, avoir un cabinet et suffisamment de patients pour vivre de la sophrologie. La réalité était que j’étais en couple, père de famille et que mon salaire de l’époque était assez confortable pour ne pas se poser trop de questions. Alors comment basculer d’un métier à l’autre sans mettre la famille en danger ?
J’ai d’abord pratiqué à domicile sur mon temps libre. J’ai néanmoins vite compris qu’il était primordial de pouvoir proposer un lieu neutre dédié à la pratique. Je n’ai pas trouvé. Il n’y avait que des cabinets à temps plein financièrement « inaccessibles ». Au bout de plusieurs mois, le moral en a pris un coup et je me suis dit : « Tant pis, je suis formé à la sophrologie mais je n’en vivrai pas. » Neuf mois ont passé (oui, oui neuf mois), et une collègue sophrologue qui travaillait sur la région de Maisons-Laffitte (78) où j’habite me fait part d’un cabinet libre trois jours par semaine : mardi, jeudi et samedi. J’ai dit banco et j’ai ainsi commencé à recevoir du monde au début de l’année 2015.
Je travaillais alors dans le secteur assurantiel et je terminai vers 17h. Je me débrouillais pour rentrer vite et je pouvais recevoir une à deux personnes les mardis et jeudis soir puis le samedi toute la journée. Le loyer était convenable et je pouvais commencer à « sentir » le métier et répondre à deux questions importantes : est-ce que cela me plait vraiment de recevoir des patients ? Est-ce que ces mêmes patients reviennent ? J’ai lancé mes cartes de visite, mon site internet et j’ai fait une conférence en partenariat avec une association locale. Le bouche à oreille à fait le reste et durant 18 mois j’ai travaillé ainsi.
A l’été 2016, un cabinet à temps plein s’est libéré, au Mesnil-le-Roi, à quelques encablures de Maisons-Laffitte. Le loyer est très correct et je bénéficie de la présence de deux collègues kinésithérapeutes et d’un podologue. Le cabinet est refait à neuf et il y a une petite salle de gym, parfaite pour les collectifs !
Depuis mon installation dans ce cabinet, le chiffre d’affaires des consultations augmente sûrement et je propose trois cours collectifs pour une quinzaine de pratiquants par semaine. Depuis la rentrée de septembre je suis de plus en plus sollicité par les entreprises. J’ai notamment signé en 2017 avec le site de Poissy (78) de la CRAMIF, l’Assurance Maladie Ile-de-France. Objectif : travailler avec des groupes sur la souffrance au travail et le burn-out. Le partenariat est renouvelé pour 2018 et le site de Cergy (95) est intéressé par mon travail et pourrait signer pour l’année qui vient.
J’ai aussi compris que pour ne pas être dépendant de telle ou telle rentrée d’argent, il est nécessaire de diversifier son activité. Je propose ainsi des ateliers pour enfants une fois par mois dans une librairie jeunesse de Maisons-Laffitte (Le Chat Qui Pelote). A ce sujet, j’ai d’ailleurs, récemment, repris le chemin de l’ESSA pour participer à la spécialisation de l’école sur l’Enfance et l’adolescence (formidable !).
Je propose également de la marche à pied en forêt, des conférences et un partenariat avec une société de tourisme équestre basée à Maisons-Laffitte, la Cité du Cheval. J’aimerais enfin, dans les mois qui viennent, organiser des stages pendant les vacances.
Dans la relation à vos patients, avec ces quelques années d’expérience, qu’est-ce qui vous parait important dans votre métier ?
Cela peut paraître une lapalissade, mais il faut d’abord aimer les gens ; aimer écouter, chaque jour, des histoires aussi variées et riches que parfois éloignées de ce que vous êtes. Et accueillir chaque patient comme si c’était le premier. Il est nécessaire, je crois, de ne jamais oublier que nous ne détenons pas la solution pour notre patient et qu’il est, en définitive, son propre thérapeute. Sans cette humilité et ce recul, je pense que nous allons droit dans le mur et que nous troublons le travail du patient. Je reviendrai ensuite sur « l’adaptabilité ». J’y pense sans cesse que ce soit en individuel ou en collectif : comment trouver l’équilibre entre une notion importante à travailler et les freins du patient ? Comment atteindre un objectif sans passer en force ? En cela notre métier est chaque jour différent et jamais au grand jamais redondant.
Auteur : Anne Almqvist