Rapport de stage du Cycle Fondamental au métier de Sophrologue rédigé par Dilek Lamour et remis à l'ESSA
Présentation du lieu d’accueil et du groupe
J’ai effectué mon stage dans une association turque localisée en Turquie. Elle s’appelle KODA (Koy Okullari Degisim Agi) : Réseau de Transformation des Ecoles Rurales. Cette association travaille principalement avec les enseignants des villages reculés de la Turquie. Elle a pour but de s’occuper des élèves défavorisés et de rendre l’éducation équitable. En Turquie, il y a des écarts énormes entre les écoles des villes et des villages en terme d’opportunités.
Lors de ma première rencontre avec la présidente de KODA, Mine Ekinci, je lui ai parlé de la sophrologie et je lui ai demandé s’il serait possible d’effectuer un stage soit auprès d’un groupe d’enseignants soit avec les employés de l’association.
L’association était constituée d’à peu près 25 employés au moment où nous avons eu notre première interview. Nous avons décidé ensemble que le stage se déroulerait avec les employés. La présidente m’a dit qu’avant les restrictions gouvernementales, ils travaillaient principalement sur le terrain.
Lors de mon stage, les participants étaient en télétravail, et les réunions professionnelles se faisaient via Zoom. Certains employés se sentaient perdus, certains voulaient déménager étant donné que le travail était devenu totalement virtuel. La présidente m’a dit que les employés avaient besoin de ressentir, de retrouver leurs ressources intérieures et leur motivation pour faire face aux changements répétés des mesures gouvernementales.
Avec Mine Ekinci, nous avons convenus ensemble de l’objectif et des sous-objectifs.
L’objectif : se reconnecter à soi pour s’adapter aux changements ?
Les sous-objectifs :
- Ancrage (intentionnalité sur le schéma corporel comme réalité vécue dans l’ici et maintenant)
- Nouveau regard (principe d’action positive, développer le regard bienveillant, sans jugement et sans a priori)
- Présence à soi (s’offrir la possibilité de se reconnecter à ses ressources intérieures, ses capacités, son énergie et ses valeurs)
- Le nom de mon stage : Centrage avec des exercices de respiration et d’attention
Nous avons envoyé un mail aux employés dans lequel nous avons donné une définition de la sophrologie.
Nous avons établi que la participation se baserait sur le volontariat. Le stage s’est déroulé via Zoom, j’étais en France et eux, en Turquie. Nous avons décidé de faire 8 séances de 1h30. La présidente a participé aux séances. La présidente et les employés font partie des gens les plus idéalistes et des plus éduqués de Turquie. Ils ont tous suivi des études dans les meilleures universités du monde, principalement aux Etats-Unis.
D’une part, je me suis sentie soulagée d’avoir ces participants qui devraient probablement être ouverts à des approches visant à améliorer la présence à soi. D’autre part, le profil des participants représentait, pour moi, le défi de faire une présentation de la théorie et de la philosophie de la sophrologie d’une manière nette, claire et concise car le groupe, constitué de gens qui ont fait des études dans le domaine des sciences sociales et qui auraient, sans doute, des notions de phénoménologie.
A travers ce public, je questionnais ma confiance dans mon niveau de compréhension et d’expression de la théorie de la sophrologie ainsi que ma capacité à faire des guidances à un public aussi particulier.
J’ai travaillé pour rendre la phénoménologie aussi claire que possible pour moi. Je me suis rendue compte que le texte que j’avais préparé pour ma première séance était trop intellectuel, il y avait surtout de la théorie. J’ai remarqué que j’essayais de répondre aux besoins et aux attentes que j’imaginais que les participants auraient. En réalité, je me créais ce but afin de me rassurer, de me sentir à la hauteur intellectuellement et de pouvoir affronter le groupe. Cette prise de conscience m’a poussée à simplifier ma première séance autant que possible en faisant l’épochè, à mettre entre parenthèse mes a priori, mes analyses, mes attentes afin de pouvoir observer les situations vécues d’une manière désintéressée, avec une intentionnalité libre (N. Caycedo 2018, p 41).
Cette prise de conscience m’a amenée à être dans ma réalité objective en faisant une distinction entre ce qui appartient à ma propre histoire de « ce qui est » en réalité (Richard Esposito 2010, p 119).
Première séance sophrologique
Avant la séance
Je me demandais comment elle allait se passer. Il y avait un questionnement permanent. Je m’installais dans le doute. L’angoisse se manifestait dans mon corps par des palpitations cardiaques, de la chaleur dans les mains, par une intranquillité dans les mouvements et par de l’impatience.
Pour m’aider, juste avant la séance, j’ai fait la guidance « la respiration au carré ». Cette guidance m’a aidée, en me donnant des outils imaginaires, à centrer mon mental et, de ce fait, m’a aidée à revenir dans l’instant présent. Pourtant, au départ, il y avait une véritable résistance. Une fois ma présentation commencée, j’ai été calme et présente. A ce moment-là, être dans l’action a suffi à stopper mes anticipations car j’étais désormais dans la situation.
Déroulement
J’ai accueilli le groupe. J’ai défini la sophrologie en une phrase. J’ai parlé succinctement des domaines d’application de la sophrologie ainsi que des publics concernés. J’ai parlé des objectifs et du thème de nos ateliers. Je me suis présentée et nous avons fait une météo intérieure pour donner la parole à tout le monde.
Et puis, j’ai commencé à parler de la sophrologie d’une manière plus précise, du contexte dans lequel la sophrologie a été créée, en mentionnant l’état des lieux des soins psychiatriques dans les années 60, du fait que le parcours d’Alfonso Caycedo ait été influencé aussi bien par les méthodes occidentales que par les approches orientales.
Après une longue évolution, la sophrologie est devenue une pédagogie de l’existence s’adressant à tout le monde, à tous ceux qui cherchent une conscience en équilibre, en harmonie. J’ai décrit les exercices de sophrologie plus concrètement. Les exercices en sophrologie nous permettent de prendre conscience de notre intentionnalité qui est créatrice du sens dans notre rapport au phénomène. L’intentionnalité est cette nature de la conscience, en visant l’objet, qui donne du sens. Comment la conscience vise l’objet et sous quel angle vont déterminer le sens de l’objet pour nous ?
Dans l’état ordinaire, nous avons une intentionnalité naturelle, c’est-à-dire sans prise de conscience de ce mouvement interne de la conscience, il y a une création du sens que l’on peut considérer automatique. Par contre, avec la « réduction phénoménologique », nous pouvons éclairer le « je » dans l’ombre (R.Esposito 2010, p 61). De cette manière, nous mettons l’intentionnalité de la conscience en lumière. C’est tout d’abord cette prise de conscience de l’intentionnalité ordinaire qui va nous amener de plus en plus vers la conscience sophronique car quand nous prenons conscience que nous avons une intentionnalité, nous prenons conscience que nous sommes des acteurs et que nous participons à la création du sens.
Le but de la sophrologie est de nous amener avec cette prise de conscience à aller vers un changement d’attitude pour aller vers un mieux-être.
Changer d’attitude ne peut se faire qu’à la première condition de percevoir les manifestations de mon attitude ordinaire.
Pierre Bonnasse (2011, p 19)
Mais de quelle manière, pouvons-nous mettre en lumière ce « je » qui est dans l’ombre ?
Pour être-au-monde totalement, avec toute ma présence, je dois réaliser que je n’y suis pas en percevant mon absence.
Pierre Bonnasse (2011, p 21)
Ensuite, j’ai commencé à parler de la phénoménologie brièvement.
Le phénomène est ce qui apparait à la conscience telles que les émotions, les sensations, les impressions, les pensées… Quand les phénomènes apparaissent à la conscience, et que nous suspendons nos jugements, nos a priori, nos attentes, ou lorsque nous les mettons entre parenthèses durant les séances, nous leur donnons la possibilité de s’exprimer librement. Cette attitude phénoménologique, qui cherche à rendre notre façon de percevoir aussi transparente que possible avec la réduction phénoménologique, cherche à explorer la structure de la conscience universelle, l’essence de la conscience. Quelque part, en regardant la façon de percevoir un objet, je peux me rapprocher du soi qui perçoit.
J’ai parlé ensuite plus concrètement de comment nous allions développer l’attitude phénoménologique durant les séances. Il s’agit d’observer les phénomènes qui se présentent ici et maintenant, en les accueillant sans jugement, sans a priori, comme si c’était la première fois et d’observer comment ces phénomènes s’expriment dans le corps. Et à partir de cet accueil sans jugement, sans a priori, nous développerons progressivement un regard bienveillant envers nous-même. De cette manière, sans les nommer, j’ai présenté les principes de la sophrologie.
Première guidance (3 minutes d’espace respiration) • Intentionnalité : Retour sur soi
Pratiquée assis, en posture de détente, cette séance consiste à fermer les yeux et à se dire bonjour et à regarder l’état dans lequel nous nous trouvons dans l’ici et maintenant.
J’ai guidé la séance avec l’intentionnalité de retour sur soi pour avoir la possibilité de mettre en retrait le monde extérieur et ainsi avoir la possibilité de se recentrer sur soi.
M : « Je me suis concentrée sur mon corps. J’ai ressenti un noeud dans la gorge… un mal de tête. Je n’arrivais pas à ressentir mon corps comme un tout, c’est comme si c’était dispersé. Après je suis seulement revenu à la respiration et ça m’a centré, ça m’a calmé, ça m’a détendu. »
H : « Je n’ai jamais fait d’exercice de ce style jusque présent, je n’ai jamais imaginé que je ressentirai des choses aussi fortes. J’ai ressenti mon corps comme de l’eau chaude. Ça m’a fait peur. En général, quand je ne comprends pas, j’ai peur. »
Je lui ai demandé comment elle se sentait maintenant.
H : « Dès que j’ai ouvert les yeux, l’angoisse est partie, je me sens bien maintenant… »
C : « Je me suis senti anxieux. Je me suis dit encore la même chose : j’avais constamment du bruit et des pensées dans ma tête. »
J’ai demandé comment il s’est senti dans son corps ?
C : « Tendu, pas lâché. Mais je me sens mieux d’en avoir parlé. »
Je lui ai proposé, si cela était possible, de regarder ce bruit tel qu’il était, sans essayer de le changer et je lui ai demandé s’il lui était possible de s’autoriser à ressentir l’angoisse. Il a dit qu’il allait essayer la prochaine fois…
2ème guidance : La séance de respiration (12 minutes) • Intentionnalité : Schéma corporel comme réalité vécue
Pratiquée debout, en posture de relaxation et en posture dynamique.
La séance a commencé debout, nous avons pris conscience de nos appuis, des mouvements de notre respiration. Nous avons légèrement fait vaciller notre corps, en avant, en arrière, à droite, à gauche afin de bien nous installer dans notre posture et de prendre conscience de nos appuis. Dans la séance, il y a plusieurs types de respirations : l’expiration allongée, la respiration dynamique, la respiration thoracique, la respiration abdominale et le SDN.
A la fin de la séance, grâce à la respiration synchronique, nous avons diffusé les 3 valeurs existentielles dans tout le corps.
Le but de cette séance est de sentir le corps dans des postures avec des intentionnalités différentes. Ces intentionnalités peuvent être, par exemple, de se calmer avec la respiration, de se dynamiser avec la respiration ou encore d’évacuer ses tensions. Sentir le corps nous amène à sortir de nos représentations, y compris de la représentation de notre corps. Ceci rapproche notre schéma corporel à la réalité vécue (R. Esposito 2010, p 118).
Ce rapprochement constitue une porte d’entrée pour mon objectif de stage qui vise à se reconnecter à soi.
Phénodescriptions :
G: « J’ai eu du mal debout, je n’arrivais pas à ne pas bouger. J’ai besoin de bouger. Je joue de la clarinette. Il y a des notes, il faut souffler sans bouger et je n’y arrive pas non plus. J’ai pris conscience que c’était le même problème. Je me suis senti étouffé car je me suis dit que je ne pouvais pas bouger. Quand j’ai commencé à me sentir bien, on a arrêté la séance. »
Et là maintenant ?
« Je me sens détendu »
J’ai dit que s’il y avait un inconfort à un moment donné, nous pouvons observer les pensées et les sensations telles qu’elles sont, sans essayer de les changer. Sinon, nous pouvons parfois bouger pour nous soulager.
M: « Debout, j’ai ressenti le besoin de toucher mon corps, de me raccrocher à quelque chose, si non, c’est comme si je pouvais tomber. Être dans le vide. C’est quelque chose que j’observe depuis un moment et là, c’est devenu très clair. »
3ème guidance : La respiration au carré (15 minutes) • Intentionnalité : Retour sur soi, retrouver les ressources en soi
Pratiquée assise en posture de relaxation. C’est une séance qui demande de dessiner un carré avec les mouvements de la respiration. D’une part, cela permet de calmer le mental et d’autre part, un ancrage dans le corps avec la respiration qui facilite la connexion à soi et à nos ressources intérieures. A la fin de la séance, grâce à la respiration synchronique, nous avons activé et renforcé les 3 valeurs existentielles et ainsi, nous avons pris conscience de nos ressources intérieures.
Phénodescriptions :
A: « J’ai dessiné les carrés au rythme de mon coeur. Je ressentais une simplicité, comme s’il n’y avait pas de pensée. »
J’ai demandé comment elle avait vécu ce manque de pensée.
« Comme quelque chose de très positif. »
C: « Je n’arrivais pas à me sentir concentré. Après j’ai pensé à ce que tu m’avais dit : m’autoriser à ressentir comme je me sens. Elle m’a fait du bien cette idée. Au départ, je contrôlais ma respiration. Pendant que je faisais les carrés, il n’y avait plus de pensées. Je me suis rendu compte que quand j’utilisais les images, je ne réfléchissais plus et je ne contrôlais plus ma respiration, c’est super comme découverte. »
A la fin de la séance, je leur ai proposé de faire quelques minutes par jour de respiration consciente, si jamais ils ressentaient que le mental est très actif, ils pouvaient aussi faire des respirations au carré.
Commentaires sur ma séance
Avant la séance, j’étais dans le doute. Dès que j’ai commencé la séance, j’ai ressenti que j’assumais ma séance avec dynamisme. Il y avait une clarté. J’étais présente. Dans cette présence, il y avait une forme de transparence. Je voyais très clairement les pensées et les émotions qui me traversaient, et j’arrivais à ne pas suivre ces mouvements, j’arrivais à être celui qui observe (E. Tolle 1999) ce qui représente, pour moi, le principe de la réalité objective.
J’ai guidé mes pratiques les yeux ouverts. Je remarquais que les participants bougeaient énormément. Tout le monde avait une manière de vivre la séance de façon très différente. Au départ, ça m’a un peu perturbé de voir que tout le monde n’était pas aussi calme que je l’imaginais. Il y avait une sorte de questionnement. J’avais peur que les participants ne trouvent pas d’intérêt dans la méthode.
La 3ème guidance était la plus sereine en terme de questionnement. D’une part, en entendant les participants, je constatais que la méthode leur parlait, il y avait des prises de conscience, ils étaient volontaires pour partager les phénodescriptions, d’autre part, faire les séances sur moi-même, en même temps que le groupe, m’a permis de me calmer, de me détendre, de me poser. J’essayais de vivre les séances, autant que possible, avec eux, en essayant de prendre conscience de mon état du moment et des pensées qui me traversaient.
Je trouvais que l’accueil de la phénodescription était la partie la moins évidente.
J’avais peur de me répéter et que cela soit perçu comme trop répétitif, inintéressant. Je n’ai pas toujours réussi à les amener à exprimer ce qu’ils avaient vécu dans le corps car j’avais peur de trop insister. J’ai pris conscience que ces pensées étaient des croyances qui me limitaient. De plus, j’ai fait peu de reformulation. J’ai su parfois amener les participants à décrire les phénomènes en tenant compte du vécu dans le corps. J’ai su accueillir assez de silence pour que tout le monde puisse aller jusqu’au bout de sa description. J’ai ressenti la bienveillance et le non-jugement durant mon accueil des phénodescription qui a incité presque tous les participants à s’exprimer.
J’ai vécu une prise de conscience durant ma première séance : j’ai essayé de vraiment comprendre ce que les participants vivaient. De vraiment comprendre ce que les personnes vivaient avait un effet très positif sur les participants.
Après cette séance, j’ai lu ce paragraphe de Carl Rogers qui m’a éclairé davantage sur ce que j’ai perçu :
Ma compréhension de ces individus leur permet de changer eux aussi, d’accepter leurs propres craintes, leurs idées bizarres, leur sentiment du tragique de la vie et leur découragement ainsi que leur moments de courage, de bonté, d’amour et de sensibilité. C’est leur expérience aussi bien que la mienne lorsque quelqu’un comprend ces sentiments à fond, il lui devient possible de les accepter en lui-même.
Carl Rogers (2018, p 16)
De cette manière là, j’ai pu expérimenter l’écoute active empathique en accueillant simplement ce qui a été vécu.
Deuxième séance sophrologique
Avant la séance
J’ai fait la séance de la respiration au carré. Cette guidance m’a bien ramenée à la conscience de mon corps au moment présent. Bien que, j’étais, parfois, dans l’anticipation pour mon stage, je suis arrivée quand même à rester dans le moment présent. Ce recentrage dans le moment m’a permis de diminuer mon stress. Ma lutte contre le stress a diminué. Et j’ai éprouvé de la bienveillance pour moi- même.
Déroulement
Quand j’ai commencé à parler, je me suis sentie calme mais je ressentais un sentiment d’être étrange, non-adaptée ou encore un sentiment d’être en dehors de moi-même. Pendant que je parlais, j’étais consciente de cet état, j’ai décidé de l’accueillir tel qu’il était tout en restant dans le calme.
Je m’observais en parlant et que je comparais mon état avec celui de la première séance de mon stage que je jugeais positivement, ce qui veut dire pour moi que je n’étais pas dans le lâcher-prise. J’arrivais à accueillir dans la bienveillance que j’étais différente et que la séance se déroulait différemment de la première séance.
Les principes de la sophrologie tels que l’action positive, l’adaptabilité et le nouveau regard envers mon stage et moi-même trouvaient complètement leur place à ce moment-là. Durant les phénodescriptions, quand j’étais attentive à la vivance des participants, je n’étais plus dans cette idée d’être non-adaptée, je ressentais que je trouvais ma place.
Nous avons commencé avec un exercice ludique : les vagues de la respiration.
Sans essayer de changer, nous avons essayé de dessiner les vagues de notre respiration : exercice de prise de conscience de notre respiration et un petit centrage. C’est assez court comme exercice mais il a plu aux participants. En début de séance, plusieurs participants ont observé le phénomène de vouloir contrôler leur respiration. Ils ont constaté que plus ils continuaient, plus ils renonçaient à ce vouloir et plus leur respiration devenait naturelle.
Au début de la séance, j’ai pris un peu de temps pour parler de la respiration. J’ai expliqué comment la respiration est influencée par notre état et comment nous pouvons agir sur notre respiration pour changer notre état intérieur. J’ai parlé de la manière dont la respiration nous amène à ressentir l’unité du corps et de l’esprit. On ne peut pas prendre conscience de soi, sans prendre conscience de son corps car le soi n’est pas séparé du corps. Le soi n’est pas perceptible autrement que par le corps. Le corps est la manifestation physique du soi dans le monde.
Ensuite, je leur ai présenté notre nouvelle guidance : la SDB. Je l’ai présentée comme étant l’exercice de base de la sophrologie qui nous permet de sentir et de détendre le corps, en prenant conscience de ses parties d’une manière très détaillée et avec les sensations présentes.
C’est une méthode qui nous permet d’explorer le principe du schéma corporel comme réalité vécue. Le schéma corporel est, d’une part, notre représentation du corps et à travers ses représentations, notre manière de ressentir notre corps, et d’autre part, la manière dont je ressens mon corps dans l’ici et le maintenant. Le but de cette séance est de sortir des représentations du corps, et de rapprocher notre schéma corporel de la réalité vécue. Je leur ai présenté les 6 systèmes.
Guidance : Sophronisation du Base (26 minutes), Pratiquée assis en posture de relaxation • Intentionnalité : Schéma corporel comme réalité vécue
O : « Quand on a commencé la séance, mes parents sont rentrés à la maison. Ma chambre est près de la porte d’entrée de l’appartement. Ça m’a mis en colère tous les bruits. Ça m’a perturbé. Quand tu as dit de porter notre attention sur notre respiration, ça m’a centré. »
J’ai demandé comment s’est manifestée la perturbation ?
« Par le manque de concentration, il y a eu de la dispersion. »
J’ai demandé « Après quand ça allait, comment ça s’est manifesté ? »
« Par le centrage. Il y avait une clarté dans la perception. Parfois, c’était dur, j’ai voulu arrêter la séance. J’étais entre deux… Les perturbations venant de l’extérieur et le désir de continuer la séance… » J’ai questionné la manière dont elle a vécu cet état entre deux. J’ai ressenti qu’elle était perturbée par ma question comme si je la poussais à voir quelque chose. Elle a répondu d’une manière imprécise… J’ai laissé, je n’ai pas insisté. Je lui ai demandé comment elle se sentait maintenant, elle m’a répondu qu’elle allait plutôt bien.
Je remarque que j’aurais pu faire une reformulation au lieu de poser une question. De cette manière, en continuant à parler, elle aurait peut-être pu prendre conscience de son état par elle-même.
H : « Le début était dur, la concentration n’était pas facile. J’ai mes règles. J’avais mal au ventre avant la séance. Quand nous étions au niveau du 3ème système, ma douleur s’est accentuée terriblement. C’était tellement insupportable que je me suis demandée si je n’allais pas quitter la séance. Heureusement, à ce moment là, tu as dit d’accueillir tout ce qui se présentait sans jugement, tel que c’était. Grâce à ce que tu as dit, je n’ai pas quitté la séance. Après le 4ème système, je me suis sentie détendue, je n’ai pas voulu ouvrir mes yeux à la fin. Il y avait une détente douce, profonde. »
Je lui ai demandé comment elle se sentait maintenant, au niveau des douleurs ? Elle m’a dit qu’il y avait moins de douleur qu’au départ…
M: « Ca m’a calmé énormément. Je suis dans une détente profonde. Comme si j’avais dormi quelques heures et je me réveillais. Je me demande si j’ai vraiment dormi mais non. J’ai tout entendu. J’ai l’impression d’avoir découvert un espace entre l’éveil et le sommeil, un nouvel espace. Quand tu nous as demandé de détendre le cuir chevelu, j’ai ressenti comme de l’eau chaude qui coulait sur mon crâne. C’était vraiment très agréable… »
Entendre cette dernière phénodescription était incroyable pour moi, car je me suis dit que la méthode parle aux personnes directement, nous n’avons pas besoin de théorie, ni d’explication sur les niveaux de conscience. Les participants découvrent les niveaux et les états de conscience par eux- mêmes. Cette phénodescription témoigne de la puissance de la loi de vivance de la sophrologie.
A la fin de la séance, une personne a demandé comment ils pouvaient continuer à travailler seuls après le stage. D’autres personnes étaient intéressées par cette question. Je leur ai dit qu’au fur et à mesure des séances, ils pouvaient déjà essayer à la maison les exercices qu’on pratiquait ensemble. Je leur ai conseillé de faire des SDB par eux-mêmes jusqu’à la semaine suivante.
Commentaires sur la séance
J’ai ressenti que les participants avaient complètement saisi l’intérêt de la méthode. Certaines phénodescriptions et leur enthousiasme pour continuer un travail sur soi allaient dans ce sens. Grâce aux phénodescriptions, je me suis rendue compte d’une ouverture et d’un changement très positif dans l’énergie du groupe. Après les phénodescriptions, la première personne
« O » a dit qu’écouter les phénodescriptions lui a procuré un bien-être énorme. Elle se sentait tendue en prenant la parole au début. En écoutant les autres, elle s’est complètement détendue.
Ce partage témoigne d’un climat de confiance et d’empathie créé dans le groupe. A partir de ce climat de confiance qui rend le partage possible, les personnes deviennent acteurs dans leur prise de conscience, ce qui constitue la base de l’alliance sophronique (P.Gauthier 2017, p 49).
Durant cet atelier, je n’étais pas toujours consciente de mon schéma corporel. Parfois les pensées étaient très présentes et je n’étais pas capable de les observer en tant que phénomènes. Lors de ces moments, j’étais dans la conscience ordinaire à l’écoute de mes pensées comme, par exemple, mes anticipations négatives. Même si je n’accueillais pas complètement cet état en tant que phénomène, j’étais quand même consciente de sa présence, ce qui fait que je parvenais à avoir un certain recul : ce qui signifie avoir fait tout de même un pas de côté pour moi. Grâce à ce pas de côté, j’ai su conserver un rythme calme dans ma guidance.
Par contre, durant l’accueil des phénodescriptions, je me suis sentie plus consciente de mon schéma corporel et j’étais plus dans ma réalité objective. J’ai su les amener à décrire les phénomènes tels qu’ils ont été vécus, tel qu’ils se sont manifestés dans le corps. Durant l’accueil, je montrais une telle envie de compréhension aux vécus des participants que l’empathie en devenait naturelle. Une écoute active dans le silence suffit parfois. Je ressentais l’alliance qui se manifestait avec une clarté dans mes perceptions, une attention et une attitude englobante.
Je me rends compte qu’au lieu de poser des questions, comme dans l’exemple du dessus, parfois j’aurais pu faire des reformulations. Je ne me sentais pas assez efficace pour les reformulations.
Troisième séance sophrologique
Avant la séance
J’ai fait la séance de la respiration au carré. Pendant cette séance, je n’étais pas du tout stressée, j’étais sur le moment présent, le futur n’existait plus. Il y avait une belle concentration et un relâchement dans mon corps.
Déroulement
J’ai commencé la séance en parlant brièvement des états et des niveaux de conscience en sophrologie. J’ai parlé de l’état sophroliminal. Cet état, que les exercices de sophrologie nous amènent, est propice à un travail sur soi car les perceptions sont plus fines (R. Esposito 2010, p 89): Nous détendons le corps et l’esprit, ce qui nous permet de créer un espace pour s’écouter et prendre conscience des phénomènes. De cette manière, il est aussi possible de prendre conscience des phénomènes qui n’étaient pas dans la conscience. Cet état nous permet d’accéder à notre inconscience pour un travail plus profond.
Ensuite, j’ai parlé des postures en sophrologie, pourquoi on utilise certaines postures dans certains exercices, je leur ai montré la posture dynamique dont nous nous sommes servis dans un petit exercice au début de notre 3ème atelier.
Guidance 1 : SDN abrégé en IRTER • Intentionnalité : Se créer l’espace à l’intérieur.
J’ai choisi une pratique de SDN juste après un SDB avant de faire une SPI. D’une part, méthodologiquement pour les amener vers une RD1 dans la conquête du moi-corporel qui est la première porte d’entrée pour se reconnecter à soi (objectif dans le stage), d’autre part, se créer de l’espace en mettant à distance les tensions, il est possible de se reconnecter davantage à nos ressources intérieures.
M : « Quand tu as parlé de rassembler le négatif, plusieurs choses sont venues, il y avait tellement de choses que je n’ai pas pu rassemblé tout le négatif. »
Je lui ai dit qu’au lieu de définir et de nommer tout le négatif, dans cet exercice, on peut, d’une manière globale et symbolique, rassembler le négatif.
O : « j’ai ressenti une douleur au dos quand j’étais dans la posture dynamique. Après la pratique de la SDN, la douleur est passée, c’était intéressant… »
Guidance 2 : SPI (36 minutes) • L’intentionnalité : Activation du positif.
Ensuite, je leur ai parlé de la Sophro-Présence Immédiate de la manière suivante : « Avec cet exercice, nous allons diriger notre regard vers les sensations positives. De cette manière, nous allons essayer de prendre conscience des sensations positives, de la manière dont elles s’expriment dans le corps et de notre capacité à activer ces sensations en nous ».
J’ai choisi cette séance pour activer la pensée positive et découvrir les sensations positives que nous pouvons vivre dans le corps. Vivre le positif dans le corps peut nous amener à avoir un nouveau regard sur nos capacités, et, une prise de conscience de cette capacité, de vivre ces sensations positives dans le corps. Cet exercice nous amène vers davantage d’ancrage. Cette pratique rassemble mes trois sous-objectifs: le nouveau regard, l’ancrage, la présence à soi.
Pendant la guidance, j’ai pris mon temps, la séance a duré 36 minutes. Je pensais que certaines personnes jugeraient la méthode. En même temps, j’accueillais le fait que je ne savais pas si leur jugement n’était pas en fait que mon jugement. J’ai envisagé cette possibilité en suspendant mes jugements (l’épochè). La suspension de mon jugement a créé une légèreté positive en moi. Même si je doutais de l’intérêt de certaines personnes pour la guidance, je restais capable de suivre mon propre rythme pour la guidance.
La guidance fut agréable, je fus sereine et confiante.
G : « J’avais très mal au cou à cause d’une sciatique. »
Elle m’a demandé si elle pouvait faire la séance allongée. Je lui ai dit oui.
G : « Au départ, j’étais focalisée sur la douleur. Ça m’a embêté… Quand on était au troisième système, j’ai eu le sentiment de plonger dans l’eau. »
Je lui ai demandé de parler un peu plus de cette sensation.
« Un sentiment de profondeur. Même simplement évoquer une couleur m’a fait du bien. On a énormément de ressource à l’intérieur. »
Je lui ai demandé comment elle avait ressenti la couleur à l’intérieur.
« Comme un mouvement doux qui se diffusait. Pendant cette séance, c’est comme si j’avais rassemblé tout ce dont j’ai eu besoin dans ma vie : les lieux, les personnes, les objets. J’ai ressenti mon corps beaucoup plus détendu. »
A: « Cette séance m’a fait un bien énorme. J’avais vraiment besoin de ça en ce moment. Ce qui était beau, c’est que j’ai vraiment ressenti les choses dans mon corps. » J’ai demandé : « Comment et où ? »
« Au niveau du 4ème système, une douceur au niveau du ventre… J’avais un peu mal dans mon corps, mais pendant la séance, c’était comme si je l’avais oublié. Pendant l’évocation de la couleur, la couleur a changé mais ça ne m’a pas dérangé. »
Commentaires sur la séance
J’ai ressenti un calme, un silence pendant ma guidance. J’ai ressenti que les participants arrivaient à ressentir les subtilités de la méthode. Lorsque j’ai présenté la méthode au départ, j’ai éprouvé un réel plaisir. Je parlais, en ressentant le calme en moi, d’un sujet qui me passionne vraiment. Ce lâcher-prise s’exprimait avec les mouvements libres de mon corps, avec la souplesse de mon cou et du haut de mon dos. J’ai ressenti que j’avais amené les participants à exprimer leurs vivances dans le corps avec leur réalité objective mais j’ai eu du mal à faire la reformulation.
Pendant que j’écoutais les phénodescriptions, j’éprouvais beaucoup de joie. Je ressentais une harmonie entre mon corps et mon esprit. L’harmonie s’exprimait dans un lâcher-prise quand je parlais, je prenais vraiment plaisir, mon corps bougeait librement, ce qui facilitait une écoute en ressentant de la sympathie et de l’empathie. La douceur était présente dans mon corps et pas seulement dans mon intentionnalité. Durant l’accueil des phénodescriptions, j’ai ressenti une véritable congruence.
J’entends par ce mot (congruence) que mon attitude ou le sentiment que j’éprouve, quels qu’ils soient, seraient en accord avec la conscience que j’en ai. Quand tel est le cas, je deviens intégré et unifié, et c’est alors que je puis être ce que je suis au plus profond de moi-même. C’est là une réalité qui, d’après mon expérience, est perçue par autrui comme sécurisante.
Carl Rogers (2018, p 37)
4ème séance sophrologique
Avant la séance
Certains participants, pendant les dernières minutes, avant la 4ème séance, m’ont informée qu’ils ne seraient pas présents. Ma première réaction fut de rationaliser en me disant que c’était normal, la méthode pouvait ne pas parler à tout le monde. Et puis, j’ai ressenti un sentiment d’échec et une tristesse en moi. Je me suis dit qu’il vallait mieux me laisser vivre cette émotion au lieu de la réprimer. J’ai pu voir mes émotions en tant que phénomènes, ce qui m’a amené à accueillir les émotions telles qu’elles étaient.
Au début de la séance, avant que tout le monde arrive, la présidente m’a dit qu’elle aimerait envoyer un message au groupe pour redemander aux membres ceux qui aimerait ou non continuer jusqu’à la fin afin de stabiliser le groupe. Je lui ai dit que c’était une bonne idée car maintenant, les participants connaissaient la méthode et ils pouvaient effectuer un véritable choix. On aurait ainsi un groupe de personnes réellement et complètement intéressé.
Après la 4ème séance, j’ai envoyé un message dans notre groupe Whatsapp. Après ce message, trois personnes se sont désistées et beaucoup de personnes m’ont envoyé des messages encourageants pour exprimer leur envie de continuer. C’était une bonne idée, maintenant, nous avons un groupe extrêmement enthousiaste.
Déroulement
On commence la séance avec une petite pratique de Sophro-Respiration Synchronique.
Guidance : SRS, Pratiquée debout • L’intentionnalité : Ancrage, activation du positif.
Durant la séance, on trouve une valeur existentielle dont chacun a besoin en ce moment en un mot. Une fois que le mot est là, on le diffuse dans le corps avec la respiration. Après l’avoir fait plusieurs fois, nous trouvons un mouvement qui va bien avec ce mot. Puis, avec une respiration synchronique, on évoque le mot et on fait le mouvement plusieurs fois.
L’idée de cette mini-séance, est de créer une continuté avec la séance précédente et de continuer notre travail d’activation du positif et de retrouver les ressources intérieures en étant bien ancré sur nos appuis. Ces intentionnalités choisies reflètent mes sous-objectifs (présence à soi et ancrage).
E : « Quand j’ai trouvé mon mot, il était comme écrit devant moi. Tout à coup, cette écriture m’a paru très sympathique. J’ai ressenti ce mot dans mon corps, un mouvement agréable dans le coeur et une douceur. »
Par la suite, j’ai parlé brièvement de la phénoménologie en me référant à notre première séance durant laquelle j’en avais déjà parlé. Par la suite, j’ai parlé de l’exercice que nous allions faire ensemble.
Guidance : Sophro Attention/ Concentration • L’intentionnalité: Le regard phénoménologique, sans jugement, sans a priori.
Je trouve que cette séance est particulièrement adaptée si on veut travailler le regard phénoménologique. Durant la séance, nous laissons un objet apparaître à la conscience, le fait de le contempler nous aide à centrer nos pensées. Ceci nous amène à faire une pause dans nos attitudes naturelles et, en quelque sorte, facilite l’accueil des phénomènes telles qu’ils se présentent à la conscience (Esposito 2010, p 157).
Comme le dit Binswanger :
Si vous apprenez à lire le phénomène, il vous suffit d’ouvrir les mains et de laisser le phénomène se présenter lui-même à ce que vous voulez découvrir. Ce n’est pas vous qui construisez le phénomène, c’est le phénomène qui se construit lui-même. Il ne vous reste alors qu’à recueillir dans vos mains ouvertes les éléments structurels du phénomène.
N. Caycedo (2018, p 42)
Découvrir les éléments structurels du phénomène donc « retour à la chose elle-même » nous permet à aller au-delà de la conscience ordinaire, ce qui amène une véritable reconnexion à soi, ce qui est l’objectif de mon stage.
Quand je me faisais la SA/SC pendant que je guidais, j’avais du mal à trouver l’objet et l’observer en même temps que je guidais. Par contre, pendant la SDB, je ressentais mon corps étage par étage comme si l’énergie descendait d’un étage à l’autre. J’ai ressenti la fraîcheur, la compassion, un sentiment d’amour en moi. Mon coeur battait doucement. Je n’avais pas du tout le sentiment, ni la pensée sur « comment les participants vont vivre la séance ». J’étais très calme. Un sentiment d’alignement. Je suis où j’aimerais être en faisant ce qui me passionne. Je ressens que ma voix est calme, posée et neutre.
Phénodescriptions :
M: « Ça s’est passé très bien, la séance. Je pense que j’étais dans l’état sophroliminal. Un sentiment de confiance dans cet état. Je n’étais pas dérangée du tout par mes pensées, elles sont venues et elles sont passées sans s’attarder. Au départ, c’est comme si j’avais une conscience un petit peu plus grande que mon corps. Ensuite, j’ai ressenti que ça a été élargi encore. L’objet et la couleur se sont présentés rapidement sans recherche. Comme si mon être était infini. »
Je lui ai demandé comment elle se sentait ?
« C’est comme si je venais de me réveiller d’un sommeil long et profond. »
G: « J’aime beaucoup détendre les muscles de mon visage. Depuis notre première séance, je fais ça par moi-même régulièrement, je me suis rendue compte de la tension que je mettais sur les mâchoires. Au milieu de la séance, mon internet s’est coupé. Je me demandais si cela allait être possible de me reconcentrer. Et ça a été tout à fait possible, j’ai continué comme si rien n’était. Je me rends compte que par rapport à avant, je rentre dans la séance plus facilement. »
O: « Je veux juste dire que cette fois-ci, j’ai réussi à écouter mon corps au lieu d’imposer comment il devrait ressentir, être et se tenir. C’est comme si j’avais réussi à lui donner une place. »
C: « C’est comme si pendant toute la séance j’étais dans un rêve et comme si je venais juste de me réveiller. Pour la première fois, je témoigne que quelque chose peut arriver à la conscience sans qu’on cherche intellectuellement. L’objet est venu comme ça. »
Commentaires sur la séance
Certaines phénodescriptions de cette séance me donnent l’impression qu’accueillir les sensations, les pensées en tant que phénomènes, sans jugement, sans a priori et décrire au plus près la manière dont ça a été vécu dans le corps, a fait sens pour plusieurs. Certaines personnes en pratiquant à la maison, gagnent une certaine autonomie pour les pratiques. Ce qui montre une intégration de loi de la répétition vivancielle.
Quand j’écoutais les phénodescriptions, je ressentais un réel intérêt pour ce qu’ils vivaient. Par contre, durant cette séance, je fus débordée par mon enthousiasme. Je me suis retrouvé à approuver les phénodescriptions des sophronisants en commentant avec des « très bien, parfait ».
Quand j’ai fait cela, je me suis rendu compte car je ne savais plus comment agir pour la phénodescription suivante. Cette attitude sous-entend une posture de la personne qui sait et empêche une relation d’égal à égal, ce qui ne reflète pas l’alliance sophronique. Grâce à cette expérience, je me rend compte à quel point dans une relation-d’aide, il n’y a pas de place aux jugements de valeurs.
Une relation sans jugement de valeurs…permettra à l’autre personne d’atteindre le point où elle reconnaitra que le lieu du jugement, le centre de la responsabilité, réside en elle-même.
Carl Rogers (2018, p 40)
5ème séance sophrologique
Avant la séance
J’étais très excité, j’avais l’impression de ne pas avoir pu me préparer assez pour cette séance. J’ai fait une séance de Sophro-Présence des Tissus. La séance m’a amenée au calme et à l’énergie vitale, qui s’exprima joyeusement et de manière fluide.
Déroulement
Je commençais à parler de l’exercice que nous allions faire, la « Sophro-Action de l’énergie Vitale ». Cette exercice nous aide à accéder à notre énergie intérieure, au sentiment de vie, au sentiment d’être vivant. Je leur ai montré les points d’intégrations de chaque système.
Guidance : SAV (37 minutes) • L’intentionnalité: Ancrage, l’union du corps et l’esprit
Cette exercice a été choisi en lien avec mon sous-objectif, la présence à soi. Il permet de s’offrir la possibilité de se reconnecter à ses ressources intérieures, à ses capacités, à son énergie et à ses valeurs. La SAV, pour moi, est à la fois une méthode qui renforce très fortement l’ancrage dans le corps, en essayant d’activer la circulation sanguine, la chaleur et l’énergie et un exercice qui nous amène à découvrir nos capacités et nos ressources intérieures.
Mon objectif étant de « se connecter à soi pour pouvoir s’adapter au changement », il se traduit, pour cette séance, par l’ancrage de l’union de l’esprit et du corps et la découverte des ressources intérieures.
Lorsque que je guide, je ressens intensément l’énergie dans l’ensemble de mon corps. C’est une énergie intense, enveloppante, un peu plus grande que mon corps. Je ressens le battement de mon coeur et la chaleur au niveau de mon plexus solaire. Je me sens calme. Je n’ai pas de questionnement. Ma voix est, à la fois, calme et dynamisante.
D: « C’était une aventure extraordinaire. Comme si j’avais découvert mes super-pouvoirs. J’ai vraiment ressenti l’énergie. C’était comme un liquide fluide. À un moment, j’ai ressenti mon corps dans sa limite et je me suis demandé si je pouvais ressentir au-delà de cette limite et j’ai aperçu la possibilité d’un espace plus large. C’était comme mes frontières étaient plus larges. J’ai ressenti une augmentation de ma chaleur, surtout au niveau du 3ème système. À un moment, j’ai ressenti de l’excitation et ce n’était pas de la panique. »
C’était comment ?
« Plutôt de l’enthousiasme. »
Est-ce que tu entends par là une joie de découvrir tes capacités.
« Oui »
Comment te sens-tu maintenant ?
« Eveillé ! »
G: « J’ai le sentiment que je suis passée à côté de ce que mes collègues ont vécu durant cette séance. Au niveau du 2ème système, j’ai ressenti des larmes et au niveau du 3ème système, une douleur au dos. C’est comme si je n’avais pas d’énergie de vie en moi. Avec ma tête, j’ai essayé d’appeler cette énergie de vie. »
Je lui ai demandé comment elle se sentait sur le moment.
« J’ai beaucoup de tension au niveau du cou, au niveau du dos ».
J’ai perçu qu’elle ressentait une tristesse et qu’elle se retenait. Mes questions lui ont soulevé davantage de tristesse. Ses larmes étaient retenues. Je lui ai demandé si elle aimerait qu’on ferme les yeux ensemble afin de faire un petit exercice pour qu’elle puisse se poser. Elle fut partante. J’inventa sur le moment un mini exercice en fonction de ce qu’elle m’avait décrit et en fonction de ce que je ressentais.
Dans ce mini exercice, je soulignai le relâchement des épaules afin qu’elle puisse relâcher la nuque. Il l’incitait à ça pour qu’elle puisse comme déposer sa charge sur ses épaules… Pendant que je guidais la séance, je me sentais complètement dans le silence, une verticalité s’exprimait. Je prenais l’initiative et Il n’y avait aucun doute.
Elle me remercia pour la séance et elle me dit qu’elle lui avait vraiment fait du bien.
Commentaires sur la séance
Pendant cette séance, grâce à la dernière phénodescription que j’ai décrite au dessus, j’ai véritablement expérimenté le principe d’adaptabilité. Et grâce à ce principe, j’ai ressenti un parfait alignement. L’alignement s’est manifesté par une connaissance plus profonde que du savoir, un état de non-doute, mes actions étaient nettes et claires. En accompagnant quelqu’un qui est en souffrance, j’ai ressenti une congruence avec mes valeurs les plus profondes.
Je pense que cette séance a plu particulièrement aux participants car les vivances étaient pleines de découvertes et de prises de conscience de nos capacités. Elle a été comme une réelle découverte pour plusieurs des participants de leurs capacités et des valeurs de l’existence. J’ai remarqué une légère amélioration dans les reformulations.
6ème séance sophrologique
Avant la séance
Je n’ai pas eu assez de temps pour faire une séance pour moi. C’était une semaine où j’avais vécu de tristes événements. J’étais dans un sentiment de vide intérieur. J’ai quand même fermé les yeux pour quelques minutes de respiration en conscience. J’ai tout de suite ressenti un changement dans mon état, une douceur. Je ne me sentais pas assez préparée pour cet atelier, j’ai choisis de suspendre mon jugement pour ne pas agir à partir de cette idée. Je me suis sentie plutôt calme.
Déroulement
La guidance prévue pour cette séance était la Relaxation Dynamique du premier degré avec les mouvements du 1er, 3ème, 5ème et 6ème système. Avant la pratique, je leur ai montré les mouvements de la RD1. Il y a tout de suite eu une ambiance très joyeuse. Je me suis sentie très à l’aise en montrant les mouvements. Avant, dans des situations similaires, je me sentais complètement coincée, je me sentais dans un état de non légèreté et mon corps se tendait en rendant la souplesse dans les mouvements impossible. Alors que là, je me sentais très à l’aise, c’était même amusant de faire les mouvements. J’ai même réussi à installer une ambiance gaie. J’ai expérimenté le lâcher-prise.
Guidance : RD1 (53 minutes) • L’intentionnalité de la séance: Ancrage et nouveau regard
Pendant cet exercice, nous avons surtout travaillé mes sous-objectifs comme l’ancrage et le nouveau regard. La relaxation dynamique nous permet de prendre conscience du corps vivant en mouvement : une nouvelle perceptions du corps et l’apprentissage de la contemplation permet la conscientisation de ce nouveau vécu.
Pendant le guidance, j’étais concentrée mais j’avais du mal à appliquer sur moi mes propres consignes, je me centrais plutôt sur les participants. J’étais assise devant l’écran pour les voir, j’ai quand même essayé de faire certains mouvements avec eux afin de pouvoir guider à un rythme adapté. Voir les participants faire des mouvements à leur rythme me rassurait. J’avais une voix plutôt dynamisante.
O : « Quand j’ai touché mon visage, j’ai vraiment ressenti le nouveau regard. Mon visage n’était pas du tout comme celui que je voyais dans le mirroir. Les formes étaient différentes. »
Elles étaient comment ?
« Comme plus petites, plus fines. Quand on était à l’objet, avant tout, il y avait l’odeur de cet objet. Mon attention n’était pas dirigée vers son image mais vers l’odeur. C’était intense. Comme si j’avais vraiment senti l’odeur. J’ai beaucoup aimé la marche virtuelle. Marcher lentement, les yeux fermés, c’est très different, c’est comme si je marchais dans l’espace. Je n’ai, parfois, pas trouvé l’équilibre quand je marchais. »
Qu’est-ce qu’il y avait à ce moment-là ?
« Il y avait cette impression d’espace vide. C’est comme si je ne pouvais pas m’accrocher à quelque chose. »
Je lui ai demandé comment elle se sentait maintenant.
« Énergétique. »
D: « J’avais mal au dos et mal au cou. J’ai adoré la question qui ne cherchait pas de réponse. J’ai ressenti vraiment cette question faire écho en moi. C’était beau. J’ai vu un ballon d’enfant coloré en plastique qu’on amenait à la mère en tant qu’objet. J’ai ressenti l’objet. Quand on a divisé l’attention un moment, j’ai ressenti que le ballon et moi ne faisions qu’un. »
J’ai remarqué que je n’avais pas su demander au participant de décrire davantage son état dans l’union. Son vécu n’était pas clair pour moi.
Commentaires sur la séance
Grâce à ma 6ème séance, je me suis rendu compte, maintenant, même si je juge que je ne suis pas assez prête, que ce jugement n’affecte pas le déroulement des séances. Je n’écoute pas mes pensées mais mon envie de bien faire les séances. Le 6ème séance m’a montré l’intégration du principe de l’action positive.
Les participants ont été tout à fait capables de faire une relaxation dynamique qui a duré 53 minutes. Quand je leur ai dit à la fin que cet exercice avait duré 53 minutes, ils étaient surpris et content de leur progrès en terme de concentration. Après la séance, je me suis rendu comte que j’avais quelques tensions dans mon dos, mon corps était un peu tendu.
Pendant que je guidais, j’avais vaguement pris conscience de la tension mais je pense que comme j’ai essayé de lutter contre la tension, je n’ai pas pu prendre clairement conscience de mon état. C’est pour cette raison que je n’étais pas dans ma réalité objective. Je pense que c’est la longueur de la guidance qui m’a tendu. À un moment, c’est comme si j’avais envie que la séance soit finie. Au lieu d’être complètement concentrée sur ma guidance, j’étais dans l’anticipation, je n’étais pas dans l’ici et maintenant. Je prends conscience de ces phénomènes a posteriori.
Pendant l’accueil des phénodescriptions, l’alliance sophronique se manifestait toujours dans mon envie sincère de comprendre ce que les participants vivaient. Je ressentais de l’empahie et de la sympathie envers les participants. Je pense que la congruence est perçue par les participants au moment du recueil de la phénodescription, ils ressentent mon réel intérêt. Ce qui les incite à prendre la parole car il y a toujours de nombreuses personnes qui s’expriment durant les phénodescriptions.
Par contre, concernant cette séance, comme j’ai déjà indiqué, mon attention n’était entièrement présente car en notant les phénodescriptions, j’ai remarqué que certaines vivances n’étaient pas claires pour moi.
7ème séance sophrologique
Avant la séance
J’ai fait la séance de « l’instant de vie ». J’ai ressenti une détente, un relâchement de mon corps et une douce envie de sommeil.
Déroulement
Nous avons commencé la séance avec les mouvements de la RD1 du 2ème système et du 4ème système. Ce sont les systèmes que nous n’avons pas pu faire lors de la séance précédente. La séance nous a aidé à nous centrer, à mettre le corps en mouvement et à revenir ici et maintenant. Ces apports sont en lien avec mon objectif de présence à soi et d’ancrage. J’ai guidé la séance en commençant avec la respiration pour le centrage, puis avec une SDN, puis avec des exercices de RD1 et enfin en finissant par une contemplation de la peau. La guidance était fluide, j’avais une voix plutôt dynamisante.
Guidance : Les mouvements de RD 1 • L’intentionnalité de la séance : Ancrage, Centrage
A: « Les mouvements m’ont fait battre le coeur, augmenté ma circulation sanguine. Au niveau du 4ème système, quand on a fait le mouvement de griffre, j’ai vraiment ressenti mes abdominaux. »
E: « Quand je me suis touché, j’ai ressenti que je respirais plus profondement. C’est comme si mon corps avait besoin d’être touché. »
Après les phénodescriptions, je leur ai parlé de l’entrainement Autogène de Schultz, en spécifiant les cas pour lesquels on utilise cette méthode et les principes de cette méthode. Puis, je leur ai expliqué qu’on allait faire une Sophro-Schultz qui est une adaptation pour la sophrologie de l’entrainement Autogène de Schultz. J’ai proposé cette méthode dans mon stage car je trouve que la présence à soi (mon sous-objectif) passe par le développement de l’écoute de soi, de l’accueil d’un certain calme qui peut être perçu comme menaçant.
De là, il est possible d’avoir la possibilité de découvrir davantage les capacités que nous avons en nous et les valeurs qui en découlent. On pratique cette guidance allongé. Je pense que cette posture favorise un véritable lâcher-prise et la possibilité d’aller dans la profondeur du silence.
Guidance : Sophro-Schultz (26 minutes) • L’intentionnalité : Retour à soi, présence à soi
Lorsque j’ai guidé la séance, il y avait des bruits dans le bâtiment. Ça m’a dérangé, je n’ai pas pu expérimenté la séance tel que j’aurais aimé. Je n’ai pas pu ressentir le calme que cette méthode me procure d’habitude. Au départ, j’ai ressenti un peu de colère. Je me suis rendu compte de cette émotion. Par la suite, j’ai essayé de m’adapter en me centrant sur ma guidance. Ma voix n’était pas aussi douce que j’aurais voulu. Il a fallu accueillir que ça ne passe pas comme j’aurais voulu mais ça se passe telle que la situation se présente. J’ai essayé de revenir sur mon corps pour sortir de mes attentes pour revenir ici et maintenant.
A: « Mon corps est devenu très lourd, immobile. Je ressentais la respiration uniquement. Comme si mon corps n’existait plus. J’étais très légère. Il y avait une détente totale. »
Je lui demande comment elle a vécu le fait que son corps n’existait pas.
« Comme si, à la place de mon corps, il y avait un espace. »
D: « J’ai ressenti le fait de ne pas avoir une frontière. Un lieu agréable est apparu très vite à ma conscience. Après j’étais perdue, je ne savais plus où j’étais. À un moment, je crois que j’ai dormi. »
Je lui ai demandé quand elle s’est sentie perdue, comment ce sentiment de perdition s’est manifesté ?
« Par un silence profond dans lequel je ne savais plus rien »
C’était agréable de ne pas savoir ?
« Oui, c’était confortable. »
Commentaires sur la séance
Cette séance m’a permis de faire face à une situation non voulue durant ma guidance. Il a fallu s’adapter à la situation telle qu’elle s’est présentée et sortir de mes attentes et accueillir ce qui se présente dans l’ici et maintenant. Je voyais que j’étais dans l’attente et dans la colère durant ma guidance. Grâce à cette prise de conscience, je peux dire que j’étais dans ma réalité objective.
J’ai essayé de revenir sur ma respiration et sur les sensations de mon corps. J’ai remarqué que les participants ont pu expérimenter le calme que cette méthode peut procurer malgré mon intranquillité.
8ème séance sophrologique
Avant la séance
J’ai fait de la respiration consciente pendant 15 minutes. Je me sentais plutôt calme mais également un peu dans le doute. Je me demandais comment j’allais conclure ce stage.
Déroulement
J’ai proposé une mini-séance de sophro-projection des capacités. Le but de ce choix est de renforcer la présence de nos capacités en nous, de renforcer le regard positif envers soi même et envers son futur. Ce qui est en lien avec mon objectif principal : se reconnecter à soi pour s’adapter au changement. J’ai voulu conclure le stage en ayant un regard positif sur soi et pour son futur.
Guidance : SPC abrégée • L’intentionnalité : Retrouver les ressources en soi
Durant la guidance, j’étais très concentrée. J’ai pu ressentir l’énergie fluide dans mon corps. J’avais une voix posée.
G : « Je me suis sentie très bien. Jusque là, c’est la méthode qui m’a le plus parlée. Penser au futur m’a donné de l’espoir. J’ai remarqué que j’appréhendais le futur très positivement. Ça m’a créé de la chaleur dans mon corps. J’ai ressenti la douceur. »
Guidance 2 : Bulle électromagnétique • L’intentionnalité: Retrouver les ressources en soi : la confiance, le sentiment de sécurité.
J’ai préparé une deuxième guidance, c’est la bulle électromagnétique que Brigitte Boulard nous a introduite. C’est un exercice qui permet de renforcer le sentiment de confiance et de sécurité en nous. Dans le contexte sanitaire actuel, avant de se quitter, j’ai voulu proposer un exercice pour renforcer le sentiment de sécurité. De plus, je trouve que pour pouvoir s’adapter au changement (mon objectif), il est important de retrouver le sentiment de sécurité et de confiance en nous.
Pendant la guidance, une des participants m’a écrit qu’elle ne se sentait pas bien, c’est comme si elle allait s’évanouir. Elle décida de m’informer en m’écrivant qu’elle allait m’écouter en s’allongeant.
Je lui répondis ok.
Pour la première fois, pendant la séance, ma connexion internet s’est coupée. Ces deux événements m’ont demandé d’appliquer le principe d’adaptabilité. Je pense que j’ai réussi à être dans ce principe. Pendant ces moments, j’ai été très calme, dans la confiance. Finalement, internet s’est reconnecté tout seul rapidement, ça n’a pas été gênant du tout pour la guidance. Personne même ne s’est rendu compte de la coupure. Lorsque j’ai guidé la séance, j’ai ressenti le calme. J’ai ressenti la bulle et tous les sentiments positifs que cela peut me procurer : la chaleur, la sympathie…
O : « Pendant cette séance, c’est comme si j’avais ressenti mon individualité. Je me suis rendu compte que je faisais la séance toute seule, avec moi-même. Il n’y a que moi qui puisse agir à ma place. Quand au départ, tu as dit « ressentez vous comme si vous étiez une planète, ressentez l’espace dans lequel vous êtes… ». J’ai eu peur car rien que regarder le ciel me fait peur. Face à ça, je me sens petite en règle générale. Pendant cette séance, j’ai ressenti que je faisais partie de l’espace et je me suis sentie confiante. Je ne me suis pas sentie comme si j’étais quelque chose qui a été ajoutée à ce grand tout. C’était une découverte, une prise de conscience pour moi. »
Je lui ai demandé comment elle se sentait maintenant ? Elle a répondu : « Je ressens de la gratitude ».
M : « Ma bulle était plutôt ovale, comme quelque chose qui contournait mon corps. Par rapport à certaines séances, je ressentais moins d’intensité mais la concentration était là. J’ai beaucoup aimé l’idée que la bulle puisse être réceptive au positif et fermée au négatif. Quand tu as donné cette idée, j’ai ressenti que la bulle était devenue comme du plastique. Ça a durci. Ça m’a fait pensé à une cellule. Il y avait plein de couleurs. Je me suis mise à penser à quel cas correspondrait quelle couleur. À un moment, j’ai pensé au noir, je n’ai pas voulu que ma bulle soit noire mais j’ai essayé de l’accueillir pour ne pas le laisser dehors. »
J’ai demandé si elle avait accueilli le noir.
Elle me dit « non, je suis restée dans le doute ». Je lui ai demandé « Et maintenant ? »
« Je me sens détendue… connaître l’existence de la bulle m’a fait du bien. »
À la fin de la dernière séance du stage, je les ai remercié pour leur présence et leur enthousiasme sincère, ils m’ont annoncé qu’ils avaient préparé une surprise pour moi. Ils ont tous mis en même temps des icônes de coeurs sur leur écran.
Ils ont tous fermé leur caméra. Chacun a dit une phrase, parmi les phrases que j’ai le plus utilisées en la rendant plus humoristique à chaque fois. Après ils ont tous ouvert leur caméra pour dire voilà. Ils m’ont montré leur carte de remerciement qu’ils ont créé au nom de leur association. Ensuite, chacun a pris la parole pour exprimer ses ressentis par rapport au stage.
Durant cette prise de parole, ils ont dit des choses qui m’ont touchée énormément. Parmi une, quelqu’un parlait d’une certaine manière de la congruence. Elle a dit qu’elle avait ressenti travailler avec quelqu’un qui avait expérimenté et approfondi une méthode qui lui était précieuse.
Conclusion
Mon objectif, dans ce stage, était d’amener les participants à se reconnecter avec soi-même afin de prendre conscience que nous avons les ressources et les capacités pour pouvoir faire face aux difficultés que présente le contexte sanitaire actuel. J’ai guidé les techniques principalement avec l’intentionnalité du retour sur soi, de l’ancrage, du schéma corporel comme réalité vécue, du regard phénoménologique (sans jugement, sans a priori, avec un nouveau regard).
Nous avons entrepris un travail sur le développement du « moi-corporel », c’est à dire : sur la présence, sur les sensations dans le corps, dans l’ici et maintenant. Nous avons développé le regard phénoménologique qui nous permet d’accueillir les sensations telles qu’elles sont.
J’ai voulu leur faire pratiquer les exercices du premier degré entièrement pour qu’ils puissent se rendre compte de la progression d’un travail sophrologique. Les participants ont fait preuve d’un réel enthousiasme pour la méthode. Dans les phénodescriptions, leurs observations des vivances se sont révélées extrêmement fines, ce qui m’a convaincue d’aller jusqu’à la Sophro-Projection des Capacités.
A aucun moment, je n’ai ressenti que les participants avaient du mal à suivre la progression de la méthode. La richesse de la plupart des phénodescriptions (comme celle ci-dessous) témoigne de la compréhension par les participants de la progression de la méthode ainsi que de l’objectif du stage.
O : « La sophrologie, en amenant mon attention vers mon corps, m’a fait découvrir que je pouvais être présent. J’ai pu percevoir que mes pensées avaient tendance à aller vers le passé ou vers le futur. Cet ancrage dans le corps m’a amené à juger moins, à analyser moins. »
Trouver un groupe déjà constitué de gens qui se connaissent et qui sont « pro-actifs » dans le regard « positif » que leur fonction leur demande de developper et le fait de rendre la participation volontaire m’ont donnée l’opportunité de travailler avec des personnes très enthousiastes pour développer le regard intérieur.
Les douze personnes, présentes tout au long du stage, ont été très actives durant les partages des phénodescriptions. La complicité des membres du groupe a rendu les phénodescriptions authentiques et très amusantes. Autant j’ai essayé d’être dans le non-jugement et dans l’accueil de la présence de chacun, autant j’ai ressenti de leur part, une attitude de non-jugement et un accueil bienveillant. Cette rencontre m’a apportée et transformée.
Mes deux souhaits « dans la vie » sont d’aller à la rencontre de mon être au plus profond de moi-même, et aussi d’aller à la rencontre de l’autre ; et cette formation m’a donnée l’opportunité d’approfondir ces deux aspects. Ce stage m’a donnée la possibilité de rencontrer véritablement l’autre.
Au départ, j’étais dans mes a priori par rapport à ce groupe. Je craignais de ne pas être acceptée par le groupe, j’avais peur que le groupe ne saisisse pas l’intérêt de la méthode, je craignais de ne pas être à la hauteur du groupe, à la hauteur des compétences que nécessite le stage… Au fur et à mesure, en m’efforçant d’appliquer, durant les séances, les principes de la sophrologie sur moi, j’ai pu constater la disparition progressive de mes a priori, j’ai réussi à ne plus écouter mes jugements en étant simplement dans l’ici et maintenant avec le désir de bien faire.
Je me suis sentie enfin libre d’être telle que je suis avec les valeurs que j’ai toujours voulues incarner. Ceci m’a permis de ressentir toute la profondeur de l’alliance : bien que j’occupais le rôle du sophrologue, ni ma présence ni ma relation à l’autre ne s’en sont trouvées affectées. Les séances de sophrologie permettent d’ouvrir un espace entièrement libre à l’expression de tout ce qui se passe en nous.
Le regard phénoménologique permet d’être tel que nous sommes au moment où nous vivons les phénomènes. Tout l’intérêt de la sophrologie dans le rapport à l’autre, est de rendre cette authenticité possible avec les vivances et avec la parole. La méthode nous permet d’être véritablement nous-mêmes. Elle ouvre la possibilité de s’exprimer en étant soi-même. Elle ouvre un vrai espace à l’être.
Effectuer le stage via Zoom a rendu difficile l’observation des états des sophronisants au moment des guidances, j’ai remarqué que cela a rendu difficile l‘adaptation de mon terpnos logos en fonction de leur vivance. Même si j’ai pu observer une légère amélioration au niveau de la reformulation, je n’étais pas assez efficace dans son utilisation. La raison est que je ne me sentais pas dans la congruence en faisant la reformulation. Je comprenais tout l’intérêt de la reformulation qui met la personne au centre de ses prises de conscience car en tant que sophrologue, nous restons dans une neutralité.
En même temps, quand je reformulais, j’avais l’impression que mes phrases sonnaient faux. J’avais peur que l’intérêt de la reformulation ne soit pas saisi. Au lieu de la reformulation, j’ai eu tendance à poser des questions pour localiser les sensations et amener les sophronisants à les décrire en tenant compte de leur manifestation dans le corps. Bien que ce n’était pas mon intention, l’emploi de questions, plutôt que la reformulation, a mis mal à l’aise certains participants qui ont été confrontés à une impression de « non-savoir », ce qui a pu éveiller un jugement de soi. Mon attitude empathique et bienveillante, qui était dans le non-jugement, a incité les participants à partager leur vivance et à partiellement pallier ce manque de reformulation.
Cette prise de conscience m’ouvre une piste de reflexion personnelle : Comment reformuler les phénodescriptions des participants tout en ressentant la congruence ?
Plusieurs personnes m’ont demandé de les tenir au courant d’une éventuelle nouvelle série d’ateliers de sophrologie. Plusieurs personnes ont exprimé leur désir de continuer à faire un travail sur elle. Pour certains, ce fut une véritable découverte de tourner leur regard vers leur intériorité.
Pour moi, ce stage fut un réel exercice d’écoute de ce qui se vivait au moment présent (non seulement ce qui se passe en moi et également dans le groupe). J’ai expérimenté l’écoute fine en portant mon attention sur la présence des autres tout en portant mon attention sur ma présence. Notre écoute révèle toute la finesse de notre être et notre capacité à créer des initiatives à partir de nos intuitions. J’ai expérimenté qu’à chaque fois que j’ai écouté mes intuitions, j’ai pu prendre des initiatives et que ces initiatives ont crée du sens dans le déroulement des séances. Cette écoute fine du déroulement des séances fut, pour moi, l’expérience de l’alliance.
Grâce à cette expérience, j’ai pris conscience de nombreux phénomènes que j’ai décrits au fur à mesure de mon rapport. J’ai découvert une multitude de ressources à l’intérieur de moi qui me donne envie d’animer davantage de séances de sophrologie en groupe. Je reste curieuse de découvrir le déroulement des séances individuelles et de me découvrir à travers ces séances.
Mon projet professionnel
En même temps que ma formation de sophrologie, j’ai fini les deux années de la formation à la pédagogie des écoles Steiner. Egalement, j’ai suivi la formation pour l’animation des ateliers de Faber & Mazlish: des ateliers parentales sur la communication bienveillante avec les enfants. Avant mon stage de sophrologie, j’ai animé les ateliers de Faber & Mazlish auprès d’un groupe de parents.
En ce moment, je travaille sur un projet pédagogique en Turquie qui vise à accueillir des lycéens pendant une semaine pour développer l’harmonisation entre le corps et l’esprit en suivant des pratiques psycho-corporelles et artistiques. Le nom du projet est « Becoming us ». Le projet vise à comprendre et développer les effets des ces pratiques sur la dynamique de groupe. Je participe au design de ce projet et je vais être intervenante dans ce projet pour animer les ateliers de sophrologie ainsi que pour d’autres ateliers pédagogiques.
J’aimerais, dans ma pratique, plus tard, rassembler des activités pédagogiques, des pratiques artistiques et des approches psycho-corporelles afin de les proposer aux enfants et aux adultes. J’aimerais ainsi travailler en tant que pédago-sophrologue. Exporter la sophrologie en Turquie est également un de mes projets pour les années à venir.
Je suis toujours en phase de réflexion pour la création d’un cabinet en France.
Bibliographie
- Carl Rogers, « Le Développement de la Personne », Interéditions, 2018. Eckhart Tolle, « Le Pouvoir du Moment Présent », J’ai Lu, 1999.
Eckhart Tolle, « L’art du calme intérieur », J’ai Lu, 2003. - Natalia Caycedo, « Alfonso Caycedo Le parcours Hors du Commun du Créateur de la Sophrologie », Sofrocay, 2018.
- Pascal Gautier, « Découvrir la Sophrologie », Interéditions, 2017. Pierre Bonnasse, « L’attitude Phénoménologique », Eolienne, 2011. Pierre Bonnasse, « Le Pouvoir de L’attention », Médicis, 2009.
Richard Esposito, Dominique Aubert, Pascal Gautier, Bernard Santerre, « Sophrologie Lexique des Concepts, Techniques et Champs d’application », Elsevier Masson, 2010
Tableau indiquant les pratiques guidées avec leurs intentionnalités selon les séances.
Guidance 1/ L’intentionnalité |
Guidance 2/ L’intentionnalité |
Guidance 3/ L’intentionnalité |
|
---|---|---|---|
1ère séance |
3 minutes d’espace respiration / Retour sur soi |
La respiration / Schéma corporel comme réalité vécue |
Respiration au carré /Retour sur soi, retrouver les ressources en soi |
2e séance |
SDB / Schéma corporel comme réalité vécue |
||
3e séance |
SDN abrégé en IRTER / Se créer l’espace à l’intérieur |
SPI / Activation du positif |
|
4e séance |
SRS / Ancrage, activation du positif |
SA /SC /Le regard phénoménologique, sans jugement, sans a priori |
|
5e séance |
SAV / Ancrage, l’union du corps et l’esprit |
||
6e séance |
RD1 / Nouveau Regard, Ancrage |
||
7e séance |
Les mouvements de RD 1 / Ancrage, Centrage |
Sophro-Schultz / Présence à soi dans l’ici et maintenant |
|
8e séance |
SPC / Activation des capacités, les ressources en soi |
Bulle électromagnétique / Retrouver les ressources en soi : la confiance, le sentiment de sécurité |
Auteur : Dilek Lamour