le cycle supérieur de l'essa

Mémoire du Cycle Supérieur de sophrologue spécialiste en phénoménologie existentielle

Promotion 2021-2022
le cycle supérieur de l'essa

En quoi l’alliance sophronique est-elle essentielle pour le sophronisant dans l’émergence de sa propre conscience et dans sa transformation ?

Il se passe aussi quelque chose à un niveau plus subtil, comme une sorte de vibration qui se transmet entre l’accompagnant et l’accompagné.

Remerciements du stagiaire sophrologue

Depuis ma découverte de la sophrologie, j’ai eu à cœur de la transmettre dans ce qu’elle est, et telle qu’elle m’a été enseignée. Cette année de spécialisation en phénoménologie existentielle n’ont fait qu’accroître mon désir de participer à rendre ses lettres de noblesses à cette belle méthode, qui, de mon point de vue, prend tout son sens sous le prisme de la phénoménologie.

Je savais déjà, mais d’autant plus maintenant, que je n’étais pas tombée ici (à l’ESSA) par hasard.

Je remercie Anne ALMQVIST, Manon SOUPAULT, Brigitte BOULARD, Anne MITHIEUX, Bruno SCHMIDT, Jean-Pascal CABRERA, Patricia GOTTELAND, Christine LE MORVAN pour leur implication à nous transmettre les valeurs de la sophrologie ainsi que leurs expériences riches d’enseignements durant cette année de formation.

Je remercie également tous les formateurs de mes deux premières années (2013-2015) que je n’ai pas revus ici, et qui ont laissé une empreinte vivantielle encore pleinement présente dans ma pratique.

Je remercie mes collègues, sophrologues, praticiens ou thérapeutes, pour nos échanges riches et constructifs.

Je remercie bien sûr tous ceux, qui, de près ou de loin, me soutiennent dans cette magnifique aventure, mes proches, mes amis, et plus particulièrement mon mari, pour sa foi infaillible en mes capacités, et ma fille, pour ses grandes leçons de Vie sur l’instant présent qu’elle me donne à expérimenter chaque jour.

Enfin, je me remercie moi-même d’avoir osé franchir le pas, il y a quelques années, de cette existence savoureuse, et de poursuivre ce chemin malgré les obstacles. Cette expérience participe grandement à la construction de ma vie.

Et n’est-ce pas là, finalement, l’ESSENCE-CIEL ?

Quand le « travail » commence réellement, il est préférable d’avoir un « accompagnant », dont le rôle sera de remettre l’attention de la personne sur le jeu de son mental, jusqu’au jour où elle sera capable de le faire seule. Il faut néanmoins que ce travail se fasse au moment propice, quand la personne est réceptive. Mais il se passe aussi quelque chose à un niveau plus subtil, qui n’est pas celui de la compréhension intellectuelle, comme une sorte de vibration qui se transmet entre l’accompagnant et l’accompagné. Ce que Dürckheim appelle « la guérison d’être à être…
S. DÉTHIOLLAZ, C-C FOURRIER • États modifiés de conscience • NDE, OBE, et autres expériences aux frontières de l’esprit, 2021, 6e édition, Favre.

Introduction du mémoire du cycle Supérieur de sophrologie

Le mystère de la conscience m’a depuis très longtemps fasciné. Il n’est pas de hasard si mon chemin s’est intuitivement dirigé vers la sophrologie. Et malgré ma pratique et mes expériences, le mystère me reste entier.
L’une des choses que j’ai découvert, c’est qu’il n’y a pas de règles ni de routes toutes tracées. C’est à chacun de partir à la découverte de sa conscience – intimement – dans sa propre réalité objective. Personne d’autre que soi ne peut plonger au cœur de sa propre sensibilité existentielle. Personne d’autre que soi ne peut découvrir, conquérir et transformer son Être vers une existence plus harmonieuse et plus libre.

Comme bien souvent, les réflexions que j’ai eu lors de la rédaction de ce mémoire n’ont fait que ramener d’autres questionnements encore plus nombreux et plus complexes. Il m’aura fallu du
temps pour me centrer sur une problématique précise. Je garde néanmoins tout cela en tête en vue de futures recherches. De quoi me servir jusqu’à la fin de mon existence !

Avant de rencontrer le cœur de mon Sujet, j’ai dû éclaircir quelques points et reprendre des notions clés de la méthode. Au cours de mes recherches, mes sources n’étant pas toutes basées sur la conception de la conscience telle que nous l’entendons en sophrologie, j’ai dû faire l’exercice de ramener chacune de mes lectures au plus proches de la conception de la conscience du Pr CAYCEDO, à savoir, la conscience ordinaire et la conscience phénoménologique / sophronique.

J’ai voulu m’intéresser à l’émergence de la conscience et à la transformation de l’Être dans le contexte de la relation sophrologue-sophronisant.

Ce qui m’a amenée à plonger au cœur de l’alliance sophronique, qui est étroitement liée à l’attitude phénoménologique du sophrologue. J’ai cherché en quoi l’alliance sophronique pouvait en soi accompagner cette transformation chez l’autre. Bien d’autres aspects auraient pu être traité mais les contraintes de temps et d’espace m’ont fait faire le choix de ces thématiques.

La sophrologie, dans son authenticité, se veut être une phénoménologie existentielle. L’étude de la philosophie phénoménologique s’avère complexe et difficile. Elle n’en est pas moins « la pierre angulaire donnant la valeur et la signification à la sophrologie caycédienne » Dr P-A CHÉNÉ (1).

Je note néanmoins que toute exploration théorique de cette philosophie ne doit pas faire perdre le fil essentiel de la sophrologie : il s’agit d’une méthodologie appliquée de recherche de la conscience qui peut être vécue par tout un chacun sans notion préalable ni prérequis sur la phénoménologie. Il semble toutefois qu’un intérêt à explorer, ne serait-ce qu’a minima, cette philosophie phénoménologique s’impose pour le sophrologue dans la compréhension de sa propre pratique et dans sa posture avec le sophronisant.

Alors, ceci étant dit et sachant cela, en quoi le sophrologue peut accompagner le pratiquant sur ce chemin de la conquête de la conscience, tout en lui laissant les rênes ? Comment le sophrologue peut permettre l’ouverture du champ des possibles chez l’autre ? J’ai trouvé des pistes de réponses en allant puiser dans les secrets de l’alliance sophronique.

De l’alliance classique à l’alliance sophronique

L’alliance, dans la relation d’aide, est une relation singulière entre l’accompagnant et l’accompagné que j’ai pleinement expérimentée au cours de ma carrière d’infirmière. Elle s’établit grâce à un lien de confiance, d’échanges et d’écoute active. Cette alliance est généralement soumise au concept de transfert et de contre-transfert, amené par Freud et mise en jeu dans tout travail psychanalytique.

C’est ici que l’alliance sophronique bifurque, même si une telle relation transférentielle peut au début s’installer du fait que la personne accompagnée n’est pas encore dans une posture
phénoménologique. Alors le sophrologue tâche de percevoir ce processus à l’œuvre afin de le court- circuiter rapidement par son attitude phénoménologique. Dans ma pratique, il s’agit pour moi d’être pleinement consciente dans l’instant, afin de ne pas rentrer moi-même dans ce jeu de transfert/contre-transfert et donc de maîtriser parfaitement les subtilités de la méthode et de
l’alliance sophronique.

Inscrire la relation du sophrologue et du pratiquant dans la phénoménologie empêche toute confusion avec le concept de « transfert » de l’école psychanalytique, puisque la rencontre est conceptuellement différente. Si en psychanalyse, le thérapeute a une posture de « maître » invitant l’analysant à développer une relation « enfant-adulte », en sophrologie, la rencontre se fait entre deux êtres, deux Sujets dans un espace de conscience particulier que le sophrologue se devra de maintenir en conscience, pour justement ne pas tomber dans une relation autre, et afin que chacun des deux protagonistes puissent vivre cette expérience privilégiée.

Il est de cette caractéristique que l’alliance sophronique dégage une saveur particulière, propre à la pratique du sophrologue. En effet, cette alliance sophronique possède en elle toutes les propriétés d’une alliance telle que définie par Carl ROGERS. Mais elle possède également « ce plus » non négligeable, essentiel et indispensable à la pratique du sophrologue, affirmant toute l’authenticité de la relation, une relation qui se veut pleinement mutuelles et réciproques. Une relation dans laquelle les protagonistes ont le même statut, celui de Sujet, au sens phénoménologique du terme.

Ainsi je peux transmettre les techniques qui m’ont été apprises et que j’ai moi-même éprouvées en contactant une alliance particulière et singulière avec le sophronisant, me permettant de m’adresser à lui en tant que Sujet phénoménologique, c’est-à-dire en m’adressant directement à sa conscience sophronique avant même qu’il n’en ai conscience.

En me plaçant d’emblée dans une posture phénoménologique, je donne le « La » de la méthode.

La relation noético-noématique

Pour définir quel est « ce plus » dans l’alliance sophronique, il ne me reste qu’à plonger dans la phénoménologie. Et plus particulièrement dans la corrélation noético-noématique puisque l’alliance sophronique est une « alliance phénoménologique » qui prend sa place dans une relation noético- noématique particulière. Avant d’entrer dans les particularités de cette rencontre, je souhaite revenir à la rencontre phénoménologique usuelle d’un Sujet et d’un Objet (2).

On ne cherche rien derrière les phénomènes, ils sont eux-mêmes la doctrine.
GOETHE

Je comprends au fil de mes recherches, que nos sens, bien qu’ils nous permettent d’appréhender notre environnement, ne nous permettent pas d’atteindre l’entièreté de ce dernier. Nous ne percevons jamais qu’une facette du monde qui nous entoure. Mais sous le prisme de la phénoménologie, c’est justement cette facette de la réalité que nous percevons qui constitut notre réalité propre. Ma réalité est ce que je perçois du monde tel qu’il se donne à voir dans l’instant. Les sens ne sont donc pas trompeurs, ils me donnent un angle de vue permettant à l’Objet du monde que j’observe de se donner à voir sous l’une de ses facettes, constituant ainsi ma réalité du monde, ma réalité objective.

La perception, c’est l’apparaître de l’Objet lui-même sous certains aspects. Je vois l’Objet lui-même mais je n’en vois que certaines facettes. L’attitude phénoménologique m’amène au fait que si l’Objet ne m’est donné que par certaines de ses facettes, mais pas toutes, il ne s’agit pas d’une perception imparfaite, c’est au contraire « la condition même pour avoir un rapport à l’Objet » Grégori JEAN (3). L’attitude phénoménologique va permettre de vivre la corrélation entre l’Objet et le phénomène perçu par ma conscience en mouvement, amenant ainsi une nouvelle saveur à cette rencontre intentionnelle.

De l’exploration théorique émerge en moi le souvenir d’une fabuleuse rencontre. J’étais au lycée et je me passionnais pour les astres et la manière dont s’agençaient les planètes, les étoiles, les galaxies, la Terre elle-même, dans l’Univers. J’avais une certaine fascination plus particulièrement pour Jupiter et Saturne, dont j’explorais les caractéristiques dans mes livres d’astronomie.

Un soir, à l’occasion de la nuit des étoiles, je me retrouve à l’hippodrome d’Orléans, avec quelques amateurs chevronnés (et équipés) désireux de faire découvrir leur passion. C’est en m’installant au télescope de l’un d’entre eux que je fis cette rencontre mémorable. A l’autre bout du télescope, je vis Jupiter et ses satellites. Pas une image, pas une photo, pas une représentation. L’astre lui-même ! En un fragment de seconde, le monde qui m’entourait n’existait plus et le temps était suspendu. Je me rappelle avoir retenu ma respiration, pour éviter tout mouvement et pour rendre encore plus intense ce tête-à- tête.

L’astre venait de trouver sa réalité en moi, sa présence au monde (et à l’Univers) comme il ne lui avait jamais été possible dans les représentations qu’on fait de lui dans les bouquins et documentaires. Il y eu en moi une conscience de son existence propre et une vivance de ma place en rapport à lui, sur Terre, et au sein de l’immensité de l’Univers. Je me rappelle avoir été intensément présente à cet instant. Je me rappelle m’être senti intensément vivante. Cela a bouleversé ma façon d’observer le ciel étoilé !

Il ne s’agit pas de poser quelque chose derrière le phénomène, il n’y a rien derrière le phénomène. Il s’agit de s’intéresser au phénomène lui-même.
Philippe CABESTAN (4)

L’Objet ordinaire est celui observé par la conscience ordinaire.

L’Objet phénoménal n’est plus observé simplement ou ordinairement. L’Objet phénoménal ou intentionnel est l’Objet ou la Chose qui apparaît, qui se montre, qui se manifeste et qui induit ce mouvement de la conscience perçu par la conscience elle-même. Le phénomène est donc l’Objet lui-même, dans son essence, tel qu’il se donne à voir : une facette de cet Objet à cet instant puisque l’Objet en soi ne m’est jamais donné entièrement. Il est perçu sous le prisme de l’intentionnalité de l’observateur, c’est ainsi qu’émerge le phénomène.

Et c’est avec la pratique et l’élaboration d’une attention nouvelle du rapport Sujet-Objet que je peux faire varier la manière dont l’Objet peut m’apparaître sous une autre de ses multiples facettes.

La puissance de la sophrologie est d’avoir apporté une méthode permettant l’émergence de phénomène et plus particulièrement de phénomène qui viennent de l’Être, et de pouvoir répéter les techniques pour réveiller ces phénomènes et ainsi enrichir les vivances de diverses facettes du phénomène. Ainsi, l’expérience anime le sophronisant dans ses vivances, nourrissant ses valeurs qui se donnent à voir au fur et à mesure des entrainements.

Je comprends également que dans la relation noético-noématique, le Sujet de la perception est nécessairement un corps. Donc le Sujet perceptif est nécessairement incarné. Il ne s’agit pas là
d’identifier ce Sujet de perception à un corps, mais son existence se fera au travers lui, puisque le corps est la condition sine qua non pour avoir un point de vue, un rapport au monde. Les phénoménologues en déduisent donc que s’il y a des Objets, il faut qu’il y ai des corps pour les percevoir (5).

Il est des moments doux de fulgurance de la conscience. Je suis assise au soleil sur ma terrasse.

J’expire profondément, m’abandonnant ainsi à l’instant présent, fondant en lui et me laissant immerger par tous les phénomènes présents. Je prends conscience des sons, de la sensation du vent et des rayons du soleil sur ma peau, conscience de l’espace autour de moi, et de l’espace infini au- dessus de moi, de cet espace qui me dépasse. Je prends conscience de l’énergie de vie qui circule dans tout ce qui m’entoure.

Et j’inspire profondément, ramenant cette conscience en moi. C’est mon corps posé ici, sur ce fauteuil, sur cette terrasse qui m’offre la possibilité de ce regard posé sur la vie qui m’entoure. Je perçois ce corps, je le ressens. Son souffle, les battements de son cœur, sa position, sa chaire qui le constitue. Ainsi, je prends pleinement conscience de ma présence en lui, mon « véhicule » prenant un instant la saveur d’un temple sacré où loge ce regard intérieur, ce regard « supérieur », ce regard qui voit « au-delà » de ce qui est juste perçu par mes sens physiques.

Dans la description qu’en fait HUSSERL, le Sujet prend sa place d’acteur, volontairement responsable du phénomène et ainsi permet au Sujet lui-même et à l’Objet de participer à la rencontre. Nous sommes alors loin de l’attitude naturelle.

Et c’est dans cette relation noético-noématique, relation particulière au monde, que s’instaure un espace, une région de conscience, au sein même de la conscience. Cette espace se développe au fil de la pratique et donc au fil du temps.

Un espace de conscience est quelque chose qui se crée dans la conscience.
Dr P-A CHÉNÉ (6)

La relation noético-noématique appliquée à l’alliance sophronique

L’alliance sophronique, considérée telle une relation noético-noématique, complexifie cette dernière puisque la relation ne s’établit plus entre un Sujet et un Objet mais entre deux Sujets et donc deux consciences. La conscience du sophrologue et celle du sophronisant vont alors s’entrelacer, de par les vivances même des deux protagonistes.

Ainsi le pratiquant ne peut plus être considérer comme distancié de soi, et de fait, cet entrelacement des consciences dans l’espace phronique se doit d’être consciemment vécu par le sophrologue qui par son entrainement et sa pratique, se refusera de se laisser emporter dans un enchevêtrement confus.

Il s’agit bien, depuis la réalité objective de chacun, de la co-création de la région phronique, où le pratiquant sera invité à faire l’expérience de lui-même, en toute confiance et en toute sécurité avec l’accompagnement participatif et bienveillant (« aimant » pour reprendre BINSWANGER) du sophrologue qui pratique en même temps que lui.

Pour exister, cet entrelacement des consciences va imposer une certaine posture du sophrologue dans l’accueil du sophronisant et dans la façon qu’a le sophronisant « d’être et d’apparaître », dans sa façon « d’être présent-au-monde », et dans la façon qu’il a de se percevoir lui- même.

Cette posture est à l’origine de l’alliance sophronique.

Elle conditionne l’émergence de l’espace phronique entrelaçant des deux protagonistes, et donc, de fait, l’émergence de l’espace phronique du sophronisant et de sa conscience nouvelle.

Dès le début d’une séance, jusqu’à la toute fin, au moment où le pratiquant est réellement parti, je me dois d’investir une réelle qualité de présence, instaurant de la première à la dernière minute cette alliance sophronique, qui pourra alors être culminante durant la guidance.

C’est par l’accueil du pratiquant en tant que Sujet, et non en tant qu’« Objet » (d’observation, de curiosité ou d’investigation), que je pose le décor, même s’il est de prime abord imperceptible pour le pratiquant. En effet le pratiquant ne se positionne pas d’emblée en tant que Sujet au sens phénoménologique du terme, puisqu’en ouvrant les portes du cabinet de sophrologie, il se positionne dans son attitude naturelle.

C’est donc à moi, sophrologue de porter mon regard au-delà, de porter mon regard sur l’Être, le Sujet existentiel, déjà présent mais pas encore révélé. Je me positionne en tant que Sujet dans mon attitude phénoménologique et accueille l’autre dans toutes les facettes qu’il donne à voir, avec ma conscience tendue vers le Sujet.
La qualité de cette alliance est primordiale et s’instaure donc dès les premiers instants, dès les premières secondes de la rencontre avec l’autre, avant même la rencontre physique, lors des premiers échanges pour la prise de rdv.

Chaque semaine, j’interviens en Classe Relai, avec des collégiens en grandes difficultés, à deux doigts de l’exclusion, montrant pour la plupart des problèmes de comportement et un taux d’absentéisme important. Le maintien de l’attention de ces jeunes est très court voir impossible. Cependant, depuis quelques semaines, et pour deux groupes différents, alors que je démarre mes guidances, je me surprends à me retrouver face à la totalité du groupe endormi. D’ordinaire agités et difficilement canalisables, il semblerait qu’ils aient pris le pli de dormir en sophrologie.

Ne sachant pas quoi faire dans cette situation, puisque la sophrologie est une méthode dynamique où il n’est pas usuel de dormir, et pensant ainsi passer à côté de la méthode, je décide d’en parler en supervision de groupe. Finalement, ce qu’il en ressort, c’est que ces jeunes, en hypervigilance constante vis-à-vis de leurs paires et des adultes qui les accompagnent ne s’autorisent jamais à lâcher-prise. Et malgré tout, en leur offrant un espace sincère, bienveillant et sécurisant, à l’abri des regards des surveillants selon mes conditions préalables, c’est en toute confiance qu’ils s’autorisent à baisser leur vigilance jusqu’au point de s’endormir.

C’est justement parce que l’alliance est établie qu’ils se permettent, le temps d’une petite heure, d’« être » véritablement, avec leur fatigue qu’il ne leur est pas permis de montrer en dehors. A la lumière de ces constations, je décide de vivre chacune de ces séances avec eux en entrant encore un peu plus dans la conscience cette alliance sophronique établie.

Après quelques minutes, le groupe se calme et le silence s’impose. Je m’installe pleinement dans ma posture, je ferme les yeux et perçois la qualité de ce silence, tel une bulle nous entourant, une bulle préservant leur intimité dans l’instant. Une bulle dont je fais pleinement partie. J’entre-ouvre légèrement les yeux, afin de m’assurer que chacun profite pleinement de l’instant. Et mon regard se pose sur Samy. Lui qui se montre sous la facette d’un dur qui tient tête inlassablement, c’est le visage détendu et serein d’un enfant de 12 ans qui m’est donné à voir, avec même la perception-même de la présence du bébé qu’il a été. C’est finalement le visage d’un être fragile et vulnérable qui se montre à moi, dans une confiance mutuelle le temps d’un instant suspendu.

A la fin de la séance, et lors du recueil des phénodescriptions, c’est Gabriel d’ordinaire bavard avec un discours souvent incohérent, se perdant dans son propre flot de paroles, qui me décrit brièvement les sensations perçues. Au-delà des mots, j’entends sa voix posée, calme et claire, dont la résonnance ne s’était jamais fait entendre de cette manière-là jusqu’à alors. J’observe aussi leurs regards les uns envers les autres après cette phase de réveil, bien loin des moqueries habituelles : ils viennent de vivre une expérience ensemble. Pleinement présente dans cette alliance sophronique, j’ai chaque semaine hâte de les retrouver pour leur offrir cette parenthèse sur eux-mêmes et pour eux-mêmes.

L’approche de BINSWANGER est intéressante en cela qu’il s’agit déjà de rechercher la manière qu’à le patient « d’être présent-au-monde ». Sa façon « d’être présent-au-monde » étant complétement différente de celle du thérapeute, son langage l’est aussi.

Cette approche nous intéresse dans la méthode sophrologique puisqu’elle nous ramène à la réalité objective du pratiquant, qui peut être complètement différente de celle du sophrologue. Et c’est bien en faisant l’époché de ma propre façon d’être présente-au-monde qu’il m’est possible d’agir.

Biswanger propose alors une approche construite sur « l’amour » et qui profilera par la suite l’idée même de l’alliance sophronique pour le Pr CAYCEDO.

De plus, comme vu précédemment, la phénoménologie ne distingue pas « être » et « apparaître ». Le phénomène tel qu’il apparaît constitue la Chose et donc je peux accéder à la Chose à partir du phénomène.

Je rappelle ce point important ici car, de la relation Sujet-Objet à la relation Sujet-Sujet, cela donne des indications sur un des aspects de l’alliance sophronique.
Dans ma pratique, il me semble pertinent que je prenne garde à adopter ma posture sophrologique dès les premiers instants de la rencontre et que je préserve cette attitude durant toute la séance.

Notamment lors de l’anamnèse qui va faire partie des premiers fondements de la relation, et qui devra permettre au sophronisant, par mon intentionnalité posée, de se donner à voir sous la facette qu’il lui est possible de me montrer ce jour-ci, en cet instant. Je perçois alors « l’apparaître » de l’autre comme l’être lui-même dans ce qu’il lui est possible de donner de lui à cet instant. Une anamnèse trop intrusive, avec questionnements et recherches d’explications, obligerait le sophronisant à découvrir des facettes de lui-même et de son histoire qu’il n’avait pas forcément
l’intention de « dévoiler » à cet instant, ni au sophrologue ni à lui-même. Bien évidemment, l’utilisation avec tact de la reformulation est possible, dans le simple objectif de me conforter dans ce que je perçois de l’autre.

Cependant, cette reformulation devra, tant que faire se peut, rester la plus neutre possible, afin de ne pas induire la possibilité d’autre chose. Elle s’utilisera pour simplement peaufiner la perception de ce qui doit être vu aujourd’hui.

L’important est donc de laisser l’autre se donner à voir, en fonction de ses possibles du jour, de ses humeurs, de là où il en est aujourd’hui, en lui laissant la place pour être/devenir plus authentique, déjà avec lui-même et en lui-même. Dès lors, l’intérêt d’une investigation devient nul, puisqu’annulerait toutes les opportunités pour l’autre d’être véritablement lui-même et annulerait de fait toute la mise en œuvre du mouvement de la conscience et des fondements de la posture phénoménologique chez l’autre.
Cet aspect impose également le frein d’une recherche d’interprétation ou d’explication (que ce soit mentalement par le sophrologue, ou lors des phénodescriptions), puisque le phénomène constitue l’être et qu’il n’y a rien à aller chercher derrière le phénomène.

Ainsi, je perçois la double nature du sophronisant, qui avant d’être pleinement Sujet, est aussi Objet de lui-même, Objet de recherche et de contemplation. Je place la personne dans une attitude phénoménologique où elle va se trouver dans la posture de Sujet, dont l’Objet d’expérience sera elle- même. En effet, pour aller plus loin, pour le Pr CAYCEDO, l’alliance sophronique est une relation Sujet-Objet-Sujet, c’est-à-dire que pour conquérir sa partie-Sujet, le sophronisant doit passer par cette posture où, en tant que Sujet, il se prend pour Objet d’expérience.

Dans la pratique, c’est par cette porte d’entrée que j’invite le sophronisant à être pleinement Sujet, en lui permettant de prendre conscience de tous les phénomènes qui le traversent et donc qui le constituent. Progressivement, je vais amener l’autre à prendre conscience du mouvement de sa conscience dans l’observation de ces phénomènes jusqu’à ce que l’autre puisse de lui-même porter un nouveau regard, un regard conscient, un regard de Sujet.

Ainsi, je transmets les procédés sophroniques afin que le sophronisant se les approprie au fur et à mesure des séances et de ses entrainements. Je les lui transmets de façon pédagogue, mais aussi et surtout par ma propre attitude. C’est en faisant l’époché de mes propres a priori, jugements, connaissances, préjugés, savoirs sur la personne ou la situation, c’est en mettant entre parenthèses, en tentant de regarder les choses comme pour la toute première fois, en étant moi-même pleinement conscient de l’instant et des phénomènes qui me traversent sans m’y accrocher, que je transmets à l’autre l’attitude à adopter pour aller de lui-même sur le chemin de la transformation.

Car rappelons-le ici, c’est bien l’autre qui décide consciemment de s’engager véritablement vers cette transformation, je n’ai aucunement le pouvoir décisionnel à ce niveau. J’indique simplement un chemin, une voix possible, une voix qui se veut être la voix de la conscience connue, en transmettant des techniques et en montrant par l’exemple, du fait de ma propre posture phénoménologique.

Il s’agit donc, pour moi, d’un véritable effort de suspension du jugement, afin de ne pas orienter la séance vers une solution préconçue, vers ce qui pourrait me sembler aller de soi. Un effort que j’ai à maintes reprises éprouvées dans ma propre pratique personnelle.

Je ne percevais pas pleinement la saveur de cette alliance à mes débuts, mais je me rappelle du moment où ça s’est installé en moi. Après un certain moment de pratique avec mes clients, et une certaine aisance ainsi gagnée, je décide de lâcher-prise un peu plus lors des guidances, me connectant davantage à mes ressentis tout en continuant à être présente à l’autre. J’ai vécu à plusieurs reprises ce « switch » de ma conscience, vécu dans mon corps et particulièrement dans mon premier système. Comme un déclic, un interrupteur qui venait de s’éteindre, donnant ainsi le calme nécessaire à la vivance de ma région phronique entrelacée à celle de l’autre.

Je note d’ailleurs dans ces moments une variation de ma voix qui résonne davantage, donnant une profondeur supplémentaire à mon terpnos logos. Bien souvent, lorsque j’arrive à connecter avec la vivance de cette région phronique partagée, le pratiquant me livre une phénodescription plus intense dans le vécu, voir révélatrice d’une façon d’être à soi différente.

L’intentionnalité dans l’alliance

Le retour aux phénomènes demande un véritable effort par lequel la conscience va devenir « conscience de ». C’est donc en observant les phénomènes que nous pouvons observer notre conscience en mouvement au-delà du phénomène perçu. Pour accéder à la mise en lumière de ce processus, l’intentionnalité est alors essentielle afin que la conscience se dirige vers l’Objet intentionnel et qu’ainsi, elle puisse se donner à voir.

L’intentionnalité est présente dans chaque pratique de sophrologie. Lors des séances, je la place au cœur de l’alliance avec le pratiquant, impliquant une activation de ma conscience vers le pratiquant en tant qu’il est Sujet.

Une fois l’alliance sophronique comprise, c’est l’intentionnalité qui va lui donner toute sa force. C’est aussi par l’intentionnalité que la confusion avec la relation transférentielle s’évanouie, puisqu’ainsi je place le pratiquant dans une posture de Sujet. Cela me demande une volonté particulière (per-volition des phénoménologues), c’est-à-dire une capacité à accomplir un acte intentionnel, consciemment, pour échapper à une rencontre transférentielle et plonger au cœur d’une rencontre phénoménologique. Il me faudra aussi de la lucidité et de l’intuition (7) pour y arriver.

Dans l’instauration de cette relation particulière, je me dépouille de toute volonté directive, axant mon discours davantage sur de l’informatif et du formatif, en prenant garde aux conseils, qui trop souvent sont inductifs et empêchent l’autre d’être libre de trouver en lui-même les capacités justement recherchées, et donc d’être et devenir pleinement responsable de son existence.

L’alliance sophronique et la phénodescription

La phénoménologie est une science dite descriptive des phénomènes. Dans la pratique de la sophrologie, la phénodescription permet la description des phénomènes vécus durant la séance, avec l’intentionnalité portée sur les phénomènes de la conscience en mouvement. Ces phénomènes ne sont pas directement accessibles à tout un chacun, c’est pourquoi l’exercice de la phénodescription est essentiel pour enclencher cette habitude, rendant souvent les premières phénodescriptions du sophronisant nébuleuses pour lui, mais faisant pleinement parti du processus, et lui permettant encore une fois au gré de ses entraînements, de passer d’une conscience ordinaire à une conscience sophronique.

Lors des premières phénodescriptions, le sophronisant décrit ce qui est perçu immédiatement. Je l’invite à aller à la rencontre du phénomène qui « d’abord et le plus souvent ne se montre justement pas, qui à la différence de ce qui se montre d’abord et le plus souvent, est en retrait » (HEIDEGGER).

En d’autres termes, je transmets au sophronisant la méthode pour ne pas saisir uniquement ce qui se donne au premier coup d’œil, mais « ce qui suppose qu’on aille le découvrir, ce qui pourrait être mis en avant », Philippe CABESTAN (8), grâce notamment à mon intentionnalité dirigée vers le Sujet, permettant à ce dernier de développer au fur et à mesure sa propre intentionnalité de Sujet vers sa conscience, qui petit à petit se fera plus précise et présente, permettant le dévoilement des phénomènes non perçus en conscience ordinaire.

La qualité de ma présence lors de la phénodescription n’est donc en rien diminuée, au contraire. Elle se doit d’être accrue. L’alliance est maintenue, car même en n’étant plus en état sophroliminal, je m’adresse toujours au Sujet, le recueil des phénodescriptions s’inscrivant pleinement dans l’intégration de la conscience qui se fera dans l’espace phronique. Ainsi au cours de la phénodescription, je m’abstiens de tous commentaires et n’interviens que par mon écoute active, ma présence authentique, ou si je vois que la personne part dans l’analyse et l’interprétation de ses phénomènes. Sinon, je suis simplement là, en tentant de maintenir la personne au niveau des phénomènes et en préservant l’entrelacement des espaces phroniques.

C’est là toute notre pratique.

Il est primordial de maintenir l’alliance lors du recueil des phénodescriptions parce que ces dernières sont fondamentales dans le processus de révélation de la conscience, et d’elles vont découler la transformation. La phénodescription permet le dévoilement au grand jour de ce qui aurait pu rester latent ou sous-jacent, grâce au processus intégratif.

L’alliance sophronique au service de la transformation

La mise en œuvre et la qualité de l’alliance ne trouve donc pas son origine dans l’apprentissage des techniques, ni dans l’accumulations de ces dernières qui participent, certes, à l’élaboration du processus évolutif, mais qui, sans alliance sophronique établie de prime abord, ne resteront que des exercices pratiques. Pour que la qualité de l’alliance puisse être véritable, est nécessaire tout ce qui a été vu en amont, en plus des capacités relationnelles du sophrologue afin d’installer une relation d’aide (9).

Chaque rencontre étant un nouveau phénomène en soi, c’est la manière de vivre la rencontre qui va instaurer de nouveaux espaces de conscience, portes ouvertes vers la transformation.

Toute la dimension de la sophrologie qui permet par sa pratique le « redéploiement de la conscience pour l’existence », l’ouverture de la conscience à tous les phénomènes de l’existence, qui permet à chacun, muni de ce qu’il est vraiment, muni de ce qui ressort de lui authentiquement […] de vivre tel qu’il est et non de glisser à la surface de la vie sans la déchiffrer.
P-A CHÉNÉ

Cette alliance, comme nous l’avons vu précédemment, porte en elle une partie du succès de la transformation du sophronisant, l’autre partie appartenant au sophronisant lui-même et à sa propre volonté. C’est à partir de cette alliance sophronique que toute la méthodologie va se dérouler et que le pratiquant va passer d’une conscience ordinaire à une conscience supérieure.

C’est-à-dire d’une attitude de tout un chacun, la plus courante, avec une certaine façon de se rapporter aux choses, vers une « attitude contre-nature, car on n’est pas d’emblée spontanément dans une attitude phénoménologique, cette attitude se gagne », Philippe CABESTAN (10). Il existe un véritable fossé entre ces deux attitudes et passer de la première à la seconde nécessite un changement, possible par la réduction phénoménologique permettant le dévoilement des phénomènes, et « la description des vécus de conscience » (HUSSERL).

C’est ainsi au cœur de l’alliance sophronique, au cœur même de la rencontre de l’un et l’autre, que les forces de la conscience, ou force phronique, se donnant à voir par la perception même des phénomènes, vont pouvoir se concentrer, s’actualiser, s’amplifier, se renforcer et s’orienter vers une existence nouvelle.

Parce que la vie est un cadeau de l’univers et que de ce fait nous avons une dette envers cette vie qui nous anime, celle de la faire exister positivement, intensément.
P-A CHÉNÉ (11)

La direction vers le mieux-être ne doit pas être perçu comme une fin en soi, mais doit être vécu comme un devenir en évolution constante. Le chemin est long, peut-être même ne se finit-il jamais. Mais une fois la transformation amorcée, il semble impossible de revenir en arrière. Les changements opérés empêchent tout retour en arrière puisque, un à un, progressivement, ils lèvent les voiles, dévoilant toujours un peu plus, mais peut-être jamais entièrement, la conscience pure au cœur de notre existence.

Pour acquérir cette conscience et engager la transformation, il faudra au pratiquant de l’entraînement et de la volonté. Et cette volonté s’activera au contact du sophrologue, « créateur de rencontre » (12) (P-A CHÉNÉ) au travers de l’alliance. C’est cette alliance qui permettra au sophronisant d’avancer. La rencontre du sophrologue et du sophronisant est donc une rencontre phénoménologique, rencontre fondamentale, dont les subtilités doivent être a minima comprises et surtout éprouvées par le sophrologue afin de garantir toutes les conditions nécessaires pour
permettre à l’autre de se saisir consciemment de sa nouvelle existence.

Conclusion : le secret d’une alliance réussie

J’ai tenté d’explorer l’alliance sophronique au gré de mes lectures, de mes recherches et de mes expériences. Ce travail fut passionnant et n’a fait que renforcer ma conviction, qu’au-delà d’une simple méthode, la sophrologie relève d’ingéniosité, de complexité et de finesse.

Mais il est un secret qui se révèle dans chacune de mes explorations, telles qu’elles soient, un secret qui est là, inlassablement répété, clé de voute de l’alliance sophronique et de la méthode, et probablement de toutes les autres méthodes invitant au développement de soi. Ce secret, bien que révélé à maintes reprises, ne semble entendable que pour celui qui l’a déjà éprouvé et en est déjà intimement convaincu.

Ce secret me donne la clé pour m’assurer une pratique authentique et un cheminement indéfectible. Il donne la clé au pratiquant pour assurer son évolution. Il fera office de conclusion, tellement il me semble être le tout premier pas à toute entreprise, que ce soit de la part du sophrologue ou du pratiquant ou de quiconque souhaite cheminer vers une existence plus authentique et plus intense.

Après tout ce qui a documenté jusqu’ici, il semble aisé de comprendre que la condition sine qua non pour que tout cela puisse se mettre en place réside dans l’entraînement régulier, quotidien, intégratif et volontaire.

Cette capacité du sophrologue a instauré cette alliance sophronique, de porter cette intentionnalité dans la rencontre démontrera un travail sur lui-même, nécessaire et indispensable.

De ma pratique même dépend la qualité de présence de ma région phronique, dont dépend par la suite l’émergence et la qualité de présence de la région phronique du sophronisant. C’est par ce travail intime, ce vécu profond, ces expériences éprouvées par moi-même que je pourrais amener la relation avec le pratiquant dans une rencontre particulière, privilégiée, existentielle donnant de la valeur aux deux participants de la relation.

Pour BINSWANGER, si c’est par la relation à l’autre que l’homme devient malade, c’est aussi par la relation à l’autre qu’il peut s’en sortir. Ainsi le thérapeute, dans l’exemple de BINSWANGER, doit non seulement « aimer » son patient, mais aussi lui proposer une technique qu’il aura lui-même éprouvée, dont il en aura fait l’expérience dans son propre vécu. Et c’est avec ces deux conditions que la personne peut alors se diriger vers le chemin du mieux-être.

Mon entraînement personnel est le point d’honneur à la qualité des alliances sophroniques établies avec les personnes que je rencontre. L’alliance sophronique repose sur ma pratique me permettant ainsi d’incarner une attitude phénoménologique. C’est en intégrant cette présence à moi-même et en pratiquant tous les jours que ma conscience sophronique se fait d’autant plus présente. Et c’est là que tout réside.

Il ne s’agit alors plus de chercher une réponse intellectuelle, mais de vivre la conscience dans son émergence, d’en faire l’expérience… ici et maintenant.

Nul besoin d’expliciter cette notion, secret de la véritable transformation, parce qu’alors, la recherche, l’écriture et la lecture n’ont maintenant plus leur place… si ce n’est dans l’écriture consciente de mes doigts qui touchent le clavier de mon ordinateur, donnant naissance à des mots dont la résonnance sera perçue dans un temps relatif à vous-même qui lirez ces lignes, en conscience, chacun de vous et moi, de l’espace où nous sommes, de l’environnement qui nous entoure et des phénomènes qui nous traversent, perçus par notre propre conscience, ici et maintenant.

Être engagé dans un réel « travail » sur soi, concret, car on ne peut pas comprendre et transmettre ce que l’on ne vit pas. Il n’y a pas de dichotomie possible. Dans l’exercice de sa spécialité, un « véritable » thérapeute est le reflet de ce qu’il est dans sa vie. Il transmet ce qu’il « est » et non pas ce qu’il « sait » : « La réalité vers laquelle on conduit quelqu’un est lié à celle
dans laquelle on se trouve soi-même (13) (K.G. DÜRCKHEIM) (14).

Sources, ressources et bibliographie

Références

(1) Dr P-A CHÉNÉ. Sophrologie – Tome 1 – Fondements et Méthodologie, 2011, 5e édition, Ellébore.

(2) Lorsque j’écris « Objet » c’est sous-entendu, comme dans toute la littérature phénoménologique, qu’importe sa nature, Objet matériel ou non, Objet au sens large. J’emploierai également parfois le terme de « Chose ».

(3) La Parenthèse #2 : La Perception, entretien de Grégori JEAN par Aurélien DEUDEON.

(4) La Parenthèse #1 : Le Phénomène, entretien de Philippe CABESTAN par Aurélien DEUDON.

(5) La complexité conceptuelle de certains aspects ne m’ont permis que de toucher du doigts certaines explications. Aux vues des contraintes de rédaction (et de temps), je n’ai bien entendu pas pu explorer davantage certains aspects. Je m’en suis donc référée aux conclusions des phénoménologues.

(6) Dr P-A CHÉNÉ. Sophrologie – Tome 1 – Fondements et Méthodologie, 2011, 5e édition, Ellébore.

(7) Notion qui demanderait à être explicitée en dehors des limites de pages du mémoire.

(8) La Parenthèse #1 : Le Phénomène, entretien de Philippe CABESTAN par Aurélien DEUDON.

(9) Thématique non explorée ici puisqu’elle pourrait faire l’objet d’un mémoire complet.

(10) La Parenthèse #1 : Le Phénomène, entretien de Philippe CABESTAN par Aurélien DEUDON.

(11) Allocution d’intíoduction du Dí PA CHÉNÉ au píemieí Congíès Inteínational de Sophíologie de Paíis 2015. Métieí sophíologue, le paícouís du sophíologue.

(12) Allocution d’intíoduction du Dí PA CHÉNÉ au píemieí Congíès Inteínational de Sophíologie de Paíis 2015. Métieí sophíologue, le paícouís du sophíologue.

(13) S. DÉTHIOLLAZ, C-C FOURRIER. États modifiés de conscience – NDE, OBE, et autres expériences aux frontières de l’esprit, 2021, 6e édition, Favre.

(14) K.G DÜRCKHEIM, 1896-1988 est un diplomate, psychothérapeute et philosophe allemand. Lors de ses séjours au Japon, il a été initié au bouddhisme zen de l’école Rinzai, et il a pratiqué le Kyūdō. C’est lors de ses séjours au Japon sur dix années et pendant son internement qu’il découvre et pratique le bouddhisme zen. De retour en Allemagne en 1947, c’est un homme transformé en profondeur. Wikipédia.

Bibliographie

  • Sophrologie, Tome I, fondements et méthodologie, Dr P-A CHÉNÉ, éditions éllébore, 5e édition, 2011.
  • Le pouvoir de l’attention, exercices de sophrologie pour la vie quotidienne, Pierre Bonnasse, éditions Médicis, 2009.
  • L’attitude Phénoménologique, Pierre Bonnasse, éditions éoliennes, 2e édition 2018.
  • Etats Modifiés de conscience, NDE, OBE et autres expériences aux frontières de l’esprit, S. DETHIOLAZ et C-C FOURRIER, éditions FAVRE, 6e édition 2021.
  • La philosophie pour ceux qui ont tout oublié, Larousse, 2020.
  • L’émergence de la conscience de l’animal à l’homme, Derek DENTON, Champs Flammarion, 1993.
  • Le sentiment même de soi, Antonio R. Damasio, Odile Jacob poches, 1999.
  • Mode d’emploi de la parole magique, essai sur les pouvoirs du langage, Pierre Bonnasse, éditions Devry, 2005.

Ressources internet (liens cliquables)

* Aurélien Deudon avec qui j’ai pris contact et qui m’a généreusement donné d’autres références de livres concernant la phénoménologie (que je n’ai pas eu le temps de lire encore bien sûr !).

Musique écoutée durant la rédaction

Mei-lan

Musiques écoutées durant la mise en page

Pour reprendre les termes de Krishnamurti, « l’observateur et l’observé » apparaissent… On prend conscience qu’au-delà de ce « je » qui pense sans arrêt, on est une conscience sans pensée, sans jugement, sans envie, sans émotion… et pourtant intensément vivante. On s’établit dans l’instant présent, dans « être ». L’ego s’estompe… Il suffit d’avoir approché une seule fois cet état pour être capable de se le remémorer relativement facilement dans les moments où l’on rechute.
Progressivement une sorte de « sillon positif » se creuse, permettant de retrouver de plus en plus facilement cette sensation qui deviendra peu à peu un état d’être familier. Ce nouvel « art de vivre » apportera un sentiment de plénitude et d’acceptation face aux aléas de la vie. Il permettra d’échapper aux perturbations inhérentes à la condition humaine, car ainsi connecté à « l’Essentiel », notre état intérieur ne sera plus soumis aux conditions extérieures. Après l’apaisement, c’est le
bien-être, la sérénité, l’harmonie et la joie de vivre qui s’installeront.
S. DÉTHIOLLAZ, C-C FOURRIER • États modifiés de conscience • NDE, OBE, et autres expériences aux frontières de l’esprit, 2021, 6e édition, Favre.

Auteur : Emilie Chesneau