Superviser. Parce qu’il sous tend les notions de contrôle, d’évaluation, voire de surveillance, le terme n’a pas d’emblée une connotation positive. S’agissant de la relation d’aide, la supervision du sophrologue a pourtant une utilité réelle, tant pour ce dernier que pour le sophronisant.

Il suffit pour s’en convaincre de ne pas oublier qu’avant d’être un sophrologue, le praticien est un être humain qui s’apprête à faire la rencontre d’un autre être humain. L’un et l’autre ont une sensibilité, un parcours personnel, des doutes, des émotions, des attentes, des souhaits, des désirs, des exigences peut-être… qui constitueront, consciemment ou pas, le socle, le fondement de la relation qui va se nouer.

De la capacité du sophrologue à « s’oublier » pour gérer au mieux cette « confrontation » de personnalités va dépendre la qualité et l’efficacité du processus mis en place. C’est au sophrologue qu’il appartient d’y veiller, afin que seul prime le dessein de décrire, d’expliquer, de connaître l’autre et en définitive de l’aider.

Recourir aux services d’un superviseur, c’est en quelque sorte s’assurer que cette part d’humain qui peut émousser les compétences du sophrologue s’efface au profit d’une conscience pleine et entière d’autrui.

1 • La supervision en sophrologie, c’est quoi ?

Il s’agit d’un espace où des professionnels partagent leurs interrogations et leurs difficultés, et les analysent à l’aide du superviseur. Ce fonctionnement leur permet peu à peu d’acquérir la capacité à vivre émotionnellement et intellectuellement des situations complexes pour être plus proche de la réalité objective du patient.

Chacun a des zones de clairvoyance ou de cécité, de compétences ou d’incompétences. Le superviseur est là pour aider le thérapeute à y voir plus clair, à penser, à comprendre, et à mieux gérer la situation.
Alain Delourme, psychologue clinicien, docteur en psychologie, formateur, superviseur de praticiens et co-auteur de La Supervision en psychanalyse et en psychothérapie (Dunod, 2011)

Comme le rappelle Michèle Freud, psychothérapeute et sophrologue, « la supervision prévient les sophrologues de la contagion émotionnelle au cœur de la relation d’aide« .

2 • La supervision, pour qui ?

La supervision s’adresse à toutes les personnes impliquées dans la relation d’aide. 
Elle postule que la personne, dans son humanité, est au fondement de son activité de thérapeute, qu’elle est son outil de travail de base et qu’il faut donc en prendre soin.

3 • La supervision du sophrologue, pourquoi ?

  • Pour obtenir une vision éclairée d’un praticien expérimenté (autant que faire se peut) face à une difficulté rencontrée en séance. C’est la fameuse réalité objective du sophrologue.
  • Pour soutenir le praticien dans l’exercice de son métier en l’aidant dans sa pratique de l’accompagnement quel que soit son niveau d’expérience.
  • Pour développer une posture réflexive sur l’activité, la pratique mais aussi sur les positionnements personnels et le ressenti.
  • Pour accéder à une position éthique, une réflexion plus large sur le sens du métier exercé par le praticien et de sa responsabilité vis à vis de ses clients.
  • Pour réfléchir sur le plan professionnel comme le cadre, l’installation en cabinet…

4 • La supervision sophrologique, comment ?

La pratique de la supervision peut se faire en groupe et/ou en individuel.

En s’appuyant sur des situations concrètes et quotidiennes, le superviseur, par un travail de questionnement, aide le sophrologue à y voir plus clair (pour être dans un vocabulaire plus sophrologique, il aide le sophrologue à porter un autre regard sur le relation, la problématique du patient et sur sa posture professionnelle). Il peut être enclin à donner son avis, ou des conseils, mais il préférera permettre au sophrologue supervisé de trouver lui-même ses propres réponses.

Le sophrologue supervisé est conduit à s’interroger sur ses attitudes, son discours, ses perceptions, ses émotions et ses actions. Elle l’aide à développer lucidité et recul afin de mieux gérer les situations complexes.

Le superviseur veille à ce que le supervisé soit en mesure de se protéger des ses patients et notamment de leur souffrance en l’aidant à la congruence. Il peut donc la reconnaître sans être atteint, de manière à garder la juste distance et bien gérer la frontière si subtile entre la « sympathie et l’empathie ».

En groupe, sur un thème préalablement choisi par chaque supervisé, le superviseur régule les interventions en recentrant le travail sur le sophrologue qui s’exprime et en évitant les jugements, projections, comparaisons, conseils inadaptés, conversations/débats.

Le superviseur veille au respect des temps de parole, à la bienveillance et la confidentialité des échanges.

supervision en sophrologie5 • Quelles sont les modalités d’une supervision ?

En groupe, la supervision a lieu environ 4 à 5 fois dans l’année. Le tarif varie entre 60 et 80 euros par personne. Elle dure environ entre 3 à 4 heures suivant le nombre d’inscrits (45 mn par thème).

En individuel, le rythme des séances sera déterminé avec le superviseur. En règle générale, il est proposé une rencontre par mois. La séance dure entre 1H et 1H30. Le tarif varie entre 70 euros et 90 euros.

Les frais de supervision sont déductibles des charges professionnelles dans le cadre d’un statut de travailleur indépendant.

Auteur : Marie Hélène Marceau

Anciennement éducatrice spécialisée, formée à la relation d’aide et à l’approche centrée sur la personne, et d’un long travail personnel d’orientation psychanalytique, elle exerce aujourd’hui la profession de sophrologue en cabinet et en institution et elle est membre du pôle santé du Réseau National des Sophrologues Professionnels de l’ESSA.

Suite à son installation en cabinet, elle se rend très vite compte combien il était difficile de travailler seule. Des questionnements, doutes, émotions, projections… se sont manifestés. Il lui fallait trouver un thérapeute pour l’accompagner dans la gestion de tous ces ressentis. Elle décide alors d’entreprendre une supervision individuelle avec un psychologue clinicien, sophrologue. Cette supervision l’a aidée et l’aide encore aujourd’hui à prendre du recul, à repenser sa posture vis à vis de ses clients, à éveiller sa créativité…

Par ailleurs, dans le cadre d’une participation à une supervision de groupe, les expériences et les questionnements des autres sophrologues lui ont apporté beaucoup dans sa pratique.

Ces expériences lui permettent aujourd’hui d’accompagner les sophrologues en tant que superviseur.