En sophrologie, elle peut être dynamique, attentionnelle, de concentration, diaphragmatique… La respiration est au sophrologue ce que le divan est au psychologue : un support indispensable, un liant entre l’esprit et le corps. Elle est une composante incontournable des techniques de Relaxation Dynamique si chères à Alfonso Caycedo.
Est-il donc si étonnant que Marcella ait souhaité mêler ses talents d’écriture et ses compétences de sophrologue pour son nouvel ouvrage ?
100 exercices de respiration de plus ?
Le souci avec les exercices de respiration qu’il m’est arrivé de trouver ici ou là c’est qu’ils sont barbants dans le meilleur des cas, requièrent dans le pire des compétences de contorsionniste que je n’ai pas.
Debout, la tête et le dos bien droit, les pieds bien à plat sur le sol, tirer les épaules vers l’arrière.
Puis, lever les bras vers l’avant à hauteur de la poitrine. Fléchir les coudes pour que les avant-bras forment un angle droit avec les bras.
En inspirant lentement par le nez, écarter les bras vers l’extérieur (comme si on ouvrait une fenêtre).
Garder l’air dans les poumons pendant quelques secondes, puis ramener les bras, toujours fléchis, devant soi en expirant par la bouche (on referme la fenêtre).
Recommencer au moins trois fois, avant de relâcher les bras.
Et s’il fallait présenter la respiration comme étant un « automatisme ventilatoire commandé par les centres bulbopontiques et destiné à ajuster la ventilation pour assurer l’hématose », techniques, exercices et autres séances de respiration n’inclineraient guère à l’euphorie. Qu’ils soient sophrologiques ou non.
Parce qu’il marie d’un nouveau souffle poésie et facilité d’usage, le livre de Marcella s’inscrit dans une toute autre logique.
Idée respiratoire 76 • Je déploie mes ailes
Je suis debout les jambes légèrement écartées, la nuque et les épaules relâchées, la tête bien équilibrée les bras le long du corps, les pieds bien à plat au sol.
J’inspire par le nez, j’expire par la bouche.
Je relâche du mieux que je peux chaque espace de mon corps. Je me sens bien posé.e et le flux de ma respiration est calme et régulier.
Pendant quelques minutes je vais avoir la capacité d’un oiseau. Et d’un battement d’ailes je vais aller là ou je le souhaite puis revenir.
J’inspire en levant mes bras à l’horizontale pendant 5 secondes. Je déploie mes ailes. J’expire en redescendant mes bras du corps pendant 5 secondes. Je rabats mes ailes.
Je relâche mes bras le long de mon corps. Je prends conscience de ma capacité à me donner de la liberté avec le mouvement et la respiration.
Pendant quelques instant je laisse résonner la trace du mouvement dans mon corps.
Si comme le pense Rainer Maria Rilke la respiration est le berceau du rythme, nul doute que nous danserons à en perdre haleine sur le livre de Marcella.
Les 106 séances respiratoires de Marcella raviront les sophrologues
Il ne faut pas s’y tromper : ces 106 exercices de SophroRespi à utiliser au quotidien pour apprendre à mettre le stress à distance ne sont pas une déclinaison respiratoire d’un Manuel des Castors Juniors.
Marcella a beau être une auteure prolifique, elle n’en reste pas moins sophrologue praticienne.
Alors s’il peut satisfaire les quidams stressés, essoufflés, oppressés, tourmentés, angoissés… que nous sommes, le livre de Marcella ne manquera pas d’intéresser aussi les sophrologues. Lesquels trouveront une source utile d’inspiration dans le cadre de leur activité.
En ces tristes temps de covid, les « 100 idées pour apprendre à mieux respirer« de Marcella sont une bouffée d’air dont il serait dommage de priver nos poumons atrophiés.
ENTRETIEN SMILE AVEC MARCELLA
Vous êtes sophrologue praticienne depuis 2016; comment avez-vous découvert la sophrologie et pourquoi avoir souhaité devenir sophrologue ?
Marcella • J’ai exercé différents métiers dont celui de directrice d’agence de mannequins pendant une vingtaine d’années. Mais j’ai toujours écrit. Et presque toujours été publiée.
C’est donc très naturellement qu’ensuite, je me suis lancée dans l’écriture de manière exclusive, (jusqu’à même monter un bureau de création éditoriale pendant 10 ans).
En 2014, je cherchais à me « dé – isoler ». La solitude de mon métier d’écriture me pesait un peu, j’avais envie de « réapprendre des choses », poser mes jeans sur un banc d’école, stimuler mon cerveau en équipe…
Une amie sage-femme, m’a parlé de sa formation de sophrologie et le lendemain je naviguais sur les sites internet pour me documenter.
Puis j’ai commencé à enquêter sur les différentes écoles et je me suis lancée dans la formation en me disant…
je verrai bien ce qui se passera après !
Lorsque j’ai terminé ma formation initiale, j’ai aussitôt enchainé sur des formations complémentaires spécialisantes, je trouvais la sophrologie et ses différents champs d’action si passionnants que je ne pouvais plus m’arrêter (et je ne m’arrête toujours pas).
Je savais que j’allais en faire mon métier.
De quelle façon ou dans quel contexte utilisez-vous la respiration dans le cadre de votre activité de sophrologue ?
La respiration fait partie intégrante de la méthode. Elle est sa colonne vertébrale, sans elle, il n’y a pas de sophro. Alors je dirais dans absolument TOUS les contextes.
Comment avez-vous conçu et mis au point chacune des ces quelques 100 séances pour apprendre à mieux respirer ?
Le point de départ de ce livre est mon expérience de sophrologue ajoutée à mon envie permanente de triturer les protocoles, d’agrandir les champs d’actions…
En consultation, il est rare que j’applique à la lettre un protocole sophro appris sur le bout des doigts.
Je considère que quand on le connait justement sur le bout des doigts (et des orteils) on peut alors composer, faire du sur-mesure et s’offrir quelques grammes de liberté (ça ferait un joli titre de livre ça !).
J’ai commencé à répertorier toutes mes séances qui étaient un peu plus créatives, légèrement « extrapolées » de la méthode. Je les consignais sur un doc dès que je les fabriquais, ensuite je les proposais à d’autres personnes en les adaptant à chaque cas particulier…
Au bout d’une dizaine de séances tournées très particulièrement sur l’importance de la respiration, j’ai commencé malgré moi à chercher comment articuler tout cela autour de notre magnifique méthode, pilier de tout élan créatif.
C’est à ce moment que je me suis dit « ah, là, je suis en train d’écrire un livre ».
Y-a-t-il une méthode particulière ou une ligne directrice pour accéder à ces exercices et profiter de leurs bienfaits ? Autrement dit, est-il préférable de parcourir votre ouvrage comme on tourne les pages d’un recueil de poèmes ? Ou bien le lecteur devrait-il sélectionner les séances qui répondent à ses attentes spécifiques ? Est-il souhaitable de répéter les exercices respiratoires pour renforcer leur pouvoir d’action ?
Dans mon ouvrage il n’est préférable de rien, si ce n’est de lire les séances exactement comme on a envie de les lire.
Comme les pratiques sont divisées en chapitres très parlants, le lecteur ou la lectrice savent immédiatement où cela va les mener.
J’avoue que personnellement j’aime lire un livre de sophrologie d’abord de bout en bout, pour bien me rendre compte de « ce que l’auteur.e me raconte » puis, le reprendre selon mes besoins. Mais surtout, que chacun.e se sente libre de parcourir cet ouvrage selon ses envies et besoins.
Sophrologie, poésie, chroniques… vous êtes une auteure prolifique ! Quel sera le sujet de votre prochain livre ?
Alors je reconnais que ces derniers temps les parutions de livres se sont enchainées car d’un point de vue timing, deux d’entre eux ont été édités quasiment le même mois.
Cela n’est pas nécessairement la situation la plus confortable car j’aime prendre le temps de soigner la communication de chacun de mes « bébés » qui dans mon coeur ont une place entière et très différente.
Par ailleurs, je suis assez incapable de vous dire quel sera le sujet de mon prochain livre car, pour moi, tout est sujet à sophrologie ! Des idées j’en ai beaucoup sauf qu’elles sont dans ma tête… et le plus difficile n’est pas d’avoir des idées, mais plutôt de les mettre en place et de les concrétiser.
Mais je me fais confiance.
Auteur : Eric Eymard